Il se rappelle en les voyant que Tourane et la rielic
('onlréecpii ren v iro n n e furent oiTertes antrelois an roi île
France en échange des secours que deinandail alors le
souverain de ce pays dépossédé p a r les 'fnnkinois d ’une
partie de ses Etats.
léinfortiiné Louis XVI n ’eut pas le temps de profiter
de ces avances: détrôné lui-même, peu de temps ap rè s,
il périt sans avoir jui dote r la France d ’une colonie n o u velle
ipii serait jieut-être devenue la jilus riche de nos
possessions d ’outre-mcr.
Cependant l’ajipel fait jiar le monarque cochiuchinois
n 'avait pas été complètement sans résultat. Il ne reçut
pas l’appni d ’une armée française; mais quelques officiers
français arriv èren t à son secours et ne co n trib u è ren t pas
jie u à le raffermir sur son trône.
Il paya leurs services d ’un vain titre de m a n d a rin ,
et n ’en tin t aucun compte à la France. Aussi quand
Louis XVIII voulut rep ren d re les négociations in te rrom pues,
Gialong fit la sourde oreille. Plus ta rd , le commandant
de la Favorite ne p u t pas même réussir à faire rec
e v o ir, à titre de co n su l, un bomme do n t le nom
cependant était mêlé à to u t ce qui avait été fait d ’avantageux
à l’empire. Enfin au jo u rd ’hui les ordres de la
cour d ’Hué-fou inte rdisent l’entrée du te rrito ire , même
au simple voyageur; et le fils d ’un des mandarins français,
à qui l ’Etat est le plus red e v ab le , s’y trouve réd u it
à remplir les fonctions obscures d ’in te rp rè te à raison de
deux piastres et de quatre balles de riz par mois.
11 y a dans ces rapprochements de quoi jiiijuer au vif
notre amour-propre n a tio n a l, surtout quand on voit du
rivage ces vastes campagnes qui devraient nous ap p a rtenir
; celte baie où nos navires trouveraient un si bon
a b r i , et ce misérable village de Tourane qui fût devenu
dans nos mains une grande et puissante cité, exploitant
au profit de la France le commerce de ia Chine et d ’une
p artie de l ’In d e , au jo u rd ’hui livré sans partage aux Anglais.
Libre à nous toutefois de tire r vanité de la profonde
sensation toujours causée p a r l’apparition d ’un de nos
bâtiments dans le p o rt de Tourane. Cette sensation p a ra
ît fort voisine de la peur, et c ’est ce qui ôte un peu de
leur mérite aux politesses que les mandarins font â nos
officiers , tout en s’efforçant d ’exécuter les ordres de la
cour d ’Hué-fou.
P r e m i è r e v i s i t e d e s m a n d a r i n s d e T o u r a n e .
Pen d an t que ia B on ite , arrêtée sur son lit de v a s e ,
manoeuvrait encore p o u r en s o r tir , une embarcation co-
cbinchinoise, p o rta n t trois mandarins lettrés de tro isième
classe, se m o n tra le long du b o rd . On fil d ’abord
peu d ’attention à ces visiteurs si em p re ssé s, parce que
le com m an d an t, to u t entier à la manoe'uvre de son n avire,
n ’avait pas le temps de s’occuper d ’eux en ce mom
en t; mais dès que la corvette fut mouillée, M. Vaillant
invita les trois mandarins à de.scendre dans sa chambre