500 VOYAGE
vapprochcr elle-méine. Les embarcations se dirigèrent
alors de son cô té , et l’atteignirent quelque temps après.
Il était alors midi.
In q u ié tu d e s d e M. P h o n n e u u .
Ce fut un grand sujet de joie pour M. P iro n n e a u , qui
depuis la veille était livré à la plus vive inquiétude. Dès
le moment où il s’était vu rejeté à une assez grande
distance, sous le vent du mouillage, il avait pressenti
les difficultés (pie les embarcations devaient rencontre r
p our rallier la Bonite. Il ne supposait pas toutefois que
ces difficultés fussent de nature à empêcher le command
an t, do n t il connaissait l’exactitude, de rejoindre son
bâtiment. .Aussi, lorsque la nu it a rriv a , sans q u ’on eût
aperçu d u b o rd aucune em b a rc a tio n , il commença à se
tou rm en ter sérieusement. Peut-être surprises p a r l’obscurité
faisaient-elles de vains efforts pour le retrouver : c’était
la supposition la plus probable à ses yeux.
Toute la nu it il fit tirer des fusées afin de signaler sa
p o sitio n , s’atten d an t de moment en moment à les voir
p a ra ître ; mais son attente fut vaine; les plus sinistres
pensées se présentaient à son esp rit, et l’état de la mer
ne les justifiait que trop.
Dès que le jo u r p a ru t il tenta de remonter, en louv
oyant, vers le mouillage de Sainte-Hélène. Des bommes
placés au h au t de chaque m â t, les yeux fixés vers la
partie de l’borizon , correspondant au cbemin que les
canots devaienl su iv re , étaient cbarges de 1 avertir dès
(jn’ils aj)crcevraient quelque chose, l ’oute la matinée se
passa de la so rte , et cbaque heure qui s’écoulait venait
accroître les inquiétudes de M. Pironne au; il commençait
même à désespérer to u t à fa it, quand enfin dans un
virement de bord la vue des deux canots vint mettre fin
à ses appréhensions.
Aussitôt après le re to u r de M. Vaillant, la corvette sc
remit en m a rc b e , e t , favorisée par les vents généraux
du S. E . , elle fit route pour aller reconnaître l’île de
l’Ascension.
4 0 se p tem b re , la B o n ite d o u b le l ’AscensioD ; b e a u temps ju s q u ’au 8® deg ré
d e la titu d e N .
Cette île fut doublée dans la n u it du 10 au 11 sej)tem-
bre. Il y avait alors cinquante jours seulement que la
Bonite avait quitté Bourbon; tout semblait lui promettre
une courte traversée; aussi jiersonne ne doulail-il à bord
qu’elle ne d û t arriver à Brest avant la fin d ’octobre.
M. Vaillant s’en réjouissait, car il tenait beaucouj) à ne
pas dépasser ce ternie pour se conformer strictement
aux instructions du ministre. Jusqu’au 21 s e p tem b re ,
la persistance des brises de S. S. E. ne cessa jias d ’e n tretenir
cette espérance. Elles accompagnèrent la Bonite
jusqu’à 8 ° 42' de latitude N ., p a r 21° 36' de longitude O .,
à peu près en face de Sierra-Léone. L’équateur avait
été d o u b lé , six jours av a n t, sans q u ’une heure de calme
fût venue contrarier nos voyageurs.
■■ ■■ .