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ils ne coinpreiuiient rien , et p o u r cause. Ils questionnèrent
leur guide à ce sujet. Voici ce q u ’il leur répondit :
« Les bralimes et les autres sectateurs de Brabma,
bien que tous engendrés p ar le dieu, ne Font pas été de
la même manière. Les nus sont issus de sa main droite,
les autres de sa main gaucbe. Le pied dro it a ses descen
d an ts, le pied gaucbe a aussi les siens. Il en est de
même des autres parties de ce corps fécond, qui paraît
avoir peuplé l’Inde à lui tout seul.
« De là un grand nombre de castes distinctes l’une de
1 a u tre , et se disjuitant une préséance qui paraît en définitive
être restée aux rejetons du côté droit.
« Des guerres civiles et des rixes particulières sont
souvent sorties des discussions auxquelles ce grave sujet
a donné lieu.
« Or, comme les brabmes de la main droite, restés les
plus forts, faisaient subir mille avanies aux enfants de la
gauche de Brabma, alors q u ’une seule pagode existait à
Pondicbéry, ceux-ci se cotisèrent p o u r en construire
une an tre , dans laquelle ils fussent chez eux.
« Mais, en élevant ainsi autel contre a u te l, ils ne puren
t secouer entièrement le joug de leurs orgueilleux
antagonistes. La pagode de la main droite est restée la
grande pagode. Les brabmes qui la desservent o n t seuls
le privilège de produire au dehors la pompe de leurs
fêtes. Ils peuvent se faire p o rte r en palanquin dans toutes
les rues de la v ille , tandis que ceux de la petite pagode
n ont droit de se montre r en cet équipage que dans deux
rues s e u lem en t, et q u ’ils sont réduits à célébrer leurs
solennités dans l’enceinte du temple. «
Ces explications am enèrent plus d ’une fois le sourire
sur les lèvres des au d iteu rs, mais le guide qui les d o n nait
ne riait pas. Tout en avançant vers la grande p a g
ode, il continuait à instruire nos voyageurs de tous les
détails de la religion des Hindous; puis il a jo u ta it, en
faisant l’esprit fort : « Je ne crois pas à toutes ces p u é rilités;
mais il faut au peuple une religion quelle q u ’elle
soit. Je sais que les chrétiens n ’o n t pas des superstitions
semblables. Est-ce une raison de condamner celle-ci?
Les plus grandes nations peuvent adore r des idoles ; té moin
les Grecs et les Rom ains.... Le peuple ignorant
veut des cérémonies bizarres. Les hommes éclairés les
apprécient à leur v a leu r; mais ils les conservent e t s’y
p rê te n t p o litiq u em en t, afin de garder leur influence sur
la multitude. »
Le philosophe indien se mo n tra conséquent avec sa
d o c trin e ; car, arrivé su r le seuil de la p ag o d e , il ôta ses
souliers avec toutes les marques d ’un respect profond.
Les étrangers qui l’accompagnaient n ’avaient pas les
mêmes raisons de feindre la dévotion au dieu Brabm a,
ou à toute autre divinité hindoue ; leur entrée ne fut
mise à aucune condition. On les laissa p én é trer dans la
première cour ; mais ils d u ren t s’a rrê te r à quelques pas
du sanctua ire, et ce fut de là seulement q u ’ils entreviren
t l’intérieur où trô n aien t le dieu Vedoporiet la déesse
Hisporis. I.es Indiens n ’ont pas de dieux célibataires.
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