Mais, à défaut de niarcliandises dont la valeur puisse
payer le prix de ces d e n ré e s , il faut que nos b â timents
de commerce arriv en t ici avec de l ’argent on des
lettres de crédit. O r, les capitaines de commerce doivent
s’attendre à subir à Manille une perte d ’environ
12 p o u r 100 sur le cbange ! Quels bénéfices p eu t espérer
un a rm a teu r q u i, dans de telles cond itio n s, expédie
directement son navire d ’un p o rt de France aux Philippines
?
Tout cela changerait et le commerce français tro u v e rait
de grands avantages dans ses relations avec les P h ilippines,
si les droits sur nos vins étaient diminués. La
popidation blanche les préfère en effet à tous antres ; on
po u rra it les placer fort avantageusement. Mais a lo rs, les
vins de Catalogne seraient négligés, et c ’est précisément
p o u r prévenir cette conséquence que le gouvernement
espagnol maintient ses tarifs prohibitifs.
Ce que je viens de d ire explique suffisamment com ment
il se fait q u ’on n e trouve à Manille q u ’une seule
maison de commerce française dirigée p a r M. Vidi. ,Pai
déjà dit q u ’on y voit très-peu de Français; ils étaient au
nombre de sept se u lem en t, à l’époque du voyage de la
Bonite : deux m éd e c in s, un négociant et son f rè re , un
planteur, proprié ta ire de l’habitation de la L ag u n e , un
jeune commis ]dacé dans une maison de commerce an glaise
et un ancien militaire depuis longtemps au service
de l’Espagne. Tous au surplus y jouissaient de la considération
générale. Un huitième Français se trouvait aussi.
disait-on, dans l’intérieur de file Luçon, où il s’occupait
du lavage du sable aurifère.
La population des Philippines montre de la sympathie
pour nous, à cause de la conformité de religion. Les autorités
paraissaient aussi parfaitement disposées en notre
faveur ; l’admission du consul que p o rta it la Bonite n ’éprouva
pas de leur p a rt la plus légère difficulté. Les navires
français trouvaient à Manille une protection assurée
, et ils y étaient vus avec une faveur marquée qui
paraissait devoir s ’accroître encore p ar l’influence q u ’al-
lait exercer le représentant de n o tre gouvernement.
E x p é d itio n p ro je té e p o u r so um e ttre les p e u p la d e s d e l’in té r ie u r d e L u ç o n .
On sait que les montagnes de l’inté rieur de Luçon
sont occupées p ar une population de race noire qui, après
la conquête des Philippines et l’établissement de la domination
espagnole, a su conserver son indépendance.
.T’en parlerai dans le chapitre su iv a n t, en d o n n an t des
détails sur les diverses castes qui h ab iten t les îles de l’ar-
cbipel. Au moment où la Bonite visita Manille, le gouvernement
local était occupé d ’un grand projet ayant
p o u r b u t la soumission et la civilisation de ces bordes
sauvages.
Il s’agissait d ’une expédition de mille hommes à envoyer
dans les montagnes. Elle paraissait sagement combinée
et on s’en promettait beaucoup de succès. Voici en
peu d e mots le plan q u ’on disait adopté :