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Connue a l'rivil-Carré, la porte principale d e l à p a gode
de Villenour est surmontée d ’une pyramide tro n quée
haute de sept étages et te rminée de la même m anière
: mais 1 intérieur est bien mieux conservé.
Au moment oii M. Buirette et le commandant mirent
le pied sur le seuil, une troiqie de brabmes et de bayadè-
res v in ren t les recevoir. Les trompe ttes, les tambours
et les cymbales faisaient re te n tir l ’air de sons discordants,
tandis que le cortège s’avancait gravement vers le sanctuaire.
Ce lieu , comme on s a it, est sacré ; nul autre que
les enfants de Brabma n ’y p eu t mettre les pieds sans p ro fanation.
Aussi les étrangers n ’y furent p oint admis;
mais le chef des brabmes avait trouvé un moyen de co n cilier
les prescriptions de la loi avec le désir q u ’il avait
de satisfaire la curiosité des voyageurs. Il plaça ceux-ci
devant une fenêtre grillée qui perme tta it de voir dans
I in té rieu r du lieu saint. Un b rabme placé à l’intérieur
éclaii'ait le dieu et la déesse de la pagode ; idoles de bois
do ré q u ’on avait surchargées d ’ornements.
Dans l’enceinte qui en to u re tout l’édifice, sont les
bâtiments destinés au logement des b rabme s et des baya-
dères. On y remarque particulièrement un vaste bassin
en to u ré d ’élégants portiipies , oii brabmes et brahmines
viennent faire leurs ablutions.
Il n était pas possible de sortir de la pagode sans avoir
assisté au spectacle de la danse des bayadères. C’eût été
d ’ailleurs désobliger sensiblement le cb e f des brabme s,
qui comptait proliablemeut sur l’effet de ce spectacle
comme moyeu d ’exciter la générosité des visiteurs, l’eut-
ctre aurait-il eu moins de co n fian ce, s’il avait su le peu
de succès de la danseuse de Trivil-Carré. 11 laut dire
toutefois que, dès la première appa rition, nos voyageurs
¡lerdirent toutes les préventions défavorables (pi’ils
avaient pu conserver jusque-là.
D’ab o rd la muskjue était ici évidemment supérieure ;
c a r au lieu d ’un tambour, d ’une trompette et d ’une cliaii-
teuse, il y avait à 'Willenour deux tam b o u rs, deux
trompettes e t deux ch a n te u rs, sans compter les cymbales
aussi en nombre pair. 11 y eu t aussi plusieurs dan seuses
e t, ce (jui valait mieux, elles étaient jolies !
La première qui se m o n tra , jeune novice de sept à
h u it a n s , réunissait aux grâces de l’enfauce le jeu déjà
fort habile d ’une coquetterie précoce. A voir la petite
personne minauder en p ren an t des poses voluptueuses et
lancer aux spectateurs des regards lan g o u reu x , il était
impossible de méconnaître rexcellenco des leçons (ju’elle
avait (kÿà reçues. Son entré e avait fait p la isir; sa ¡lauto-
mirne tro p lascive produisit un tout autre effet. 11 y a
quek|ue chose qui blesse le cccur, dans le sjiectacle de
cette jirostitution de ren fau c e ! On se sent révolté de la
dépravation de ces brabmes, (jui ue craignent pas de flétrir
ainsi jiis(ju’à l’innocence du jiremier âg e , p o u r satisfaire
leurs infâmes passions et leur avide soif d u gain. Et
[lourtant, au milieu de n otre civilisation si ralfinée, ii’csl-
¡1 jias aussi de ces écoles du vice (jui, pour afficber moins
ouvertement lo cynisme d ’mic débaiiclic éboulée , n ’eu