iiiière ('Tai! mis(' on ólal de servir de nouveau en cas de
besoin.
Cependant les baromètres continuaient à descendre,
l.oin de s’éclaircir, le temps s’obscurcissait de pins en
|)lus. Ca jihiie tombait avec une intensité croissante. La
tempête souillait de l ’O. p ar rafales.
Ca inalbeureuse Bonile, à la cape sons le foc d ’artimon
et le tourmentin, devenait de plus en jiliis le jouet
des vents et de la mer. Ses mouvements de tangage surtout
étaient elfravauts.
M. Vaillant regretta daus ce moment de s’étre cbai'gé,
avec plus de zèle (jue de jiru d e n c e , d ’une grande quantité
de riz do n t le p o id s, surcbargeant son navire, lui
(itait ses qualités à la mer, et pouvait comjiromettre sa
conservation. 11 lui semblait à cbaque mouvement d ’ac-
culée voir se briser la nouvelle barre q u ’on avait eu tan t
de Jieine à installer; et ses craintes n ’avaient rien de cbi-
mé rique; car, à buit beures du m a tin , la barre de re-
cbange se romjiit comme la prem iè re , au ras de la m o rtaise,
et dans les mêmes circonstances. 11 fallut de nouveau
coincer le gouvernail et recommencer le travail
de la n u it passée. Ce ne fut q u ’au bo u t de trois beures
(jue la corvette put gouverner.
Vers le milieu du jo u r, la pluie cessa. Le voile noir
q u i cachait le soleil depuis trois jo u rs sembla se déchirer,
et mit à d é c o u v e rt, non pas l’azur des temps se re in s,
mais un ciel blafard, mille fois jilus effrayant que les
jîlus sombres nuages. En même temps la mer se couvrait
de cette brume blanchâtre ([u’oii avait si souvent
observée à l ’apjirocbe des tempêtes. Le coup de vent
n ’était donc pas fini! Bien loin de là. Tout ce q u ’on
avait éprouvé , dejiuis le 18, n ’en était que le prélude.
Il allait maintenant éclater dans toute sa jiuissance.
Un bon navire a bien des ressources p o u r résister à
la jilns violente tempête, q uand il se trouve en jileine
mer loin de tonte côte dangereuse. Il fuit devant le
temps, s’il ne peut conserver sa ro u te ; il en est quitte
Jiour quelques avaries et du cbemin p e rd u . Mais encore
faut-il q u ’il puisse gouverner. Or, comme ou vient de
le voir, ia B onite, si h eureuse jusque-là, venait d ’essuyer,
trois fois en quelques b eu re s, un accident grave qui ue
permettait pas de compter sur la solidité de son gouvernail.
M. Vaillant n ’avait p o in t négligé de faire réjiarer la
b arre de rechange récemment cassée, afin q u ’elle jnït
être mise en jilace de nouveau. Il avait aussi fait disjio-
ser, p o u r servir comme b a rre de combat, une des époii-
lilles en fer de la batterie ; mais ces p réc au tio n s, fort
sages du re ste , ne pouvaient le rassurer complètement.
Tandis que tous les ouvriers du b o rd étaient employés
à ces importants tra v a u x , les officiers que leur service
retenait sur le p o n t et ceux que captivait l’a ttra it d ’un
imposant spectacle, eurent to u t le loisir d ’admirer ce que
le courageux peintre Vernet appelait une beiie tempête.
F o rt heureusement Jiour ceux qui naviguent, ce genre de
sjiectacle ne se présente pas tous les jo u rs , et c ’est ce qui