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c ’était déjà beaiicciu[) que de leur deiuaiider d ’élever les
vers.
Eu effet, a Bourbon comme p arto u t ailleurs, et plus
q u ’ailleurs peut-être, l’habitude triomphe de toutes les
tentatives d ’innovation , tan t que les avantages n ’en ont
pas été rendus sensibles p a r des expériences beureuses.
11 faut faire soi-même et n ’avoir à dire à ceux q u ’on veut
persuader que ce seul m o t: voyez! alors l ’exemple fait
ce que les plus sages conseils n ’auraient jamais p ro d u it,
et le bien se propage p ar imitation.
C’est ainsi, du reste, que se sont introduits des progrès
remarquables dans la culture de la canne et dans la fabrication
du sucre.
II fallait donc installer une filature pour utiliser les
produits à mesure que l ’éducation des vers à soie se
populariserait; probablement encore serait-il nécessaire
de former une magnanerie destinée, non-seulement à
servir de modèle aux autres éleveurs, mais encore à
alimenter la manufacture p en d an t les premières années.
Mais ici se d ressait, comme un épouvantail, l’exemple
de Pondicbéry, où p o u r vouloir trop bien faire on s ’était
laisse entra îner dans des dépenses ruineuses. C’était surto
u t contre ce danger que M. Vaillant, to u t en préchant
la propagation de l’industrie séricicole, désirait prévenir
ses interlocuteurs.
Aussi ne cessait-il de recommander q u e , dans la mise
en p ia tiq u e d une idée d o n t cbacun appréciait le mérite,
on jirît pour exemple les méthodes en usage au Bengale,
plutôt que le système des magnaneries françaises , plus
[larfait peut-être pour l ’E urope , mais moins utilement
applicable ici et p arto u t beaucoup plus dispendieux.
Je n ’ai pas à dire comment ces conseils furent suivis
plus ta rd ; je constate seulement q u ’ils étaient sages et
dictés p a r une judicieuse appréciation des intérêts à
sauvegarder.
M. Vaillant aura it voulu aussi que le gouvernement
se chargeât d ’acheter lui-même les cocons à manipuler,
de manière à en garantir toujours le placement aux p ro ducteurs.
Cette idée allait certainement d ro it au b u t à
atteindre : rencouragement des magnaneries particulières;
mais elle devait ren co n tre r, p ar suite de l’exemple
cité plus h a u t, une répugnance fort naturelle de la
p a rt de l’administration.
Peu importait au surplus que ce fût le gouvernement
ou un industriel privilégié qui contra ctâ t l’obligation
d o n t je viens de parle r vis-à-vis des p roducteurs. L’essentiel
était que, d ’une manière ou d ’une au tre , les p ro d u c teurs
de cocons fussent toujours assurés de les vendre au
comptant.
Je remarquerai que cette condition , à mes yeux tout
à fait essentielle, n ’a jamais été sérieusement remplie;
et c ’est à cette cause q u ’on doit principalement attribuer
le peu de développements de l’industrie séricicole à
Bourbon.