M
des mousses (jui lapisseut le roc sur son passage fait ressortir
par le contraste l ’éclat miroitant de cette colonne
d e a u , ((ui se perd à sa base au milieu de l’épais feuillage
des grands arbres s’élevant du fond de la vallée.
Il n en est pas des montagnes qui forment le cirque de
Salazie comme des sommets plus élevés qui apparaissent
dans le centre de l ’île. Ceux-ci nus et désolés ne p o rten t
dans les nuages q u ’une tête aride et pelée incessamment
dégradée p a r 1 action du temps et fournissant peu à peu
la matière de ces éboulements effrayants q u i , de temps
en tem p s , viennent changer l’aspect des terrains infé-
rieurs.
Ici, une végétation vigoureuse orne ju sq u ’à leurs cimes
les versants des montagnes. A mesure q u ’on s’élève,
cette végétation s’enrichit de sujets nouveaux. Des arbres
inconnus sur le littoral s ’y m ontrent de plus en plus
communs, tandis que d ’autres espèces finissent p a r disparaître
to u t à fait.
Après 1 élégant p a lm iste, do n t la tête gracieuse se b a lance
dans les airs et qui croît naturellement ju sq u ’à une
grande distance dans l’intérieur, se trouvent ; le m a h o ,
dont le bois léger fournit au chasseur des montagnes un
appui solide qui assure sa marcbe sans le fatiguer de son
poids : le bois de n a tte , arbre immense dont le tronc
s’élève d ro it et sans branchages ju sq u ’à plus de quatre-
vingts pieds et se termine à cette hauteur p ar un élégant
bouquet de verdure. (Cet arbre, dont on distingue deux
variétés, est précieux comme bois de charpente et rivalise
avec l’acajou p ar la couleur et la finesse de son tissu.) Le
ta c am a c a , autre espèce non moins remarquable et plus
estimée encore p o u r certains ouvrages de charpente.
.Te ne finirais pas si je voulais énumérer les diverses
espèces de végétaux moins utiles qui, dans ce lieu, attirent
l ’attention du b o tan iste , quoique moins remarqués du
simple voyageur. Mais je ne puis passer sous silence
l ’immense variété de lianes qui ma rient leurs rameaux
flexibles aux tiges des grands arbres et suspendent à
leurs b ran d ie s robustes d ’innombrables festons.
Ces lia n e s, presque toutes chargées de fleurs rem a rquables,
forment une ravissante broderie sur le fond
de la sombre verdure des bois. Quelques-unes étendent
. leurs rameaux par-dessus les têtes des arbres les plus
élevés, ju sq u ’à des distances considérables, et couvrent
ainsi une vaste étendue de la forêt. îl en est* qui s’emp
a ren t d u tro n c d ’un arbre gigantesque, renveloppeut
e n tiè rem en t, se soudent autour de son écorce et finissent
p a r former ainsi un tronc parasite sous lequel le
premier périt étouffé.
Oublierai-je l’élégant calumet d o n t les touffes élancées
fo rm en t, à une certaine h au teu r dans les terres, comme
une ceinture qui sépare les deux régions extrêmes de
l’île? On les retrouve à la même élévation to u t autoiu- du
cône d o n t se compose l ’île entière.
Mais quelque gracieux que soit l’aspect de ce roseau
’ L’affouche.
Bo n ite . — Relation d u voyage. T om e 111.