g li, et de laisser la Bonite au mouillage de Kedgérée,
taudis q u ’il se ren d rait de sa personne à Calcutta et à
Chandernagor. 11 ne fut pas maître d ’en agir ainsi.
Le fond du golfe du Bengale est connu des navigateurs
comme un des parages les plus fertiles en naufrages. De
violentes tempêtes y menacent les navires arriv an t dans
la saison où la Bonite s’y présentait. Nos voyageurs en
firent, un peu plus ta rd , la fâcheuse expérience. Mais,
avant q u ’ils pussent ainsi s’en convaincre p a r eux-mêmes,
les pilotes ne manquèrent pas d ’avertir M. Vaillant que
le mouillage de Kedgérée n ’était p oint sûr ; q u ’il serait
imprudent d ’y laisser la co rv e tte , et q u e , si elle ne montait
pas ju sq u ’à Calcutta, éloigné de la mer d ’un e tre n taine
de lieues, du moins ferait-on bien de la conduire
à Diamond-Harbour où elle se tro u v e ra it en sûreté. Le
com mandant suivit cet avis.
Le 5 avril, dans la jo u rn é e , la Bonite, après une
navigation assez difficile, m ouilla en effet devantDiamond-
Harbour, sur la rive gauche du fleuve.
Il n ’est peut-être pas au monde un p o rt plus fréquenté
que Calcutta. M. Vaillant ne pouvait y être attiré p a r
l’espoir de recueillir aucun renseignement n o u v e a u , soit
sur la situation politique, soit sur l’état du commerce
du Bengale. 11 ne devait y voir que ce do n t les journaux
et les correspondances journalières ren d en t compte par
tons les courriers.
Aussi n ’ètait-ce pas le b u t de sa re lâ c h e , importante
à d ’autres points de vue.
In té r ê t p a r tic u lie r d ’u n e s ta tio n au B engale .
,Te ne ferais que me répéter en p arlant des intéressants
travaux que les naturalistes et les observateurs de l’expédition
devaient y exécuter et exécutèrent en effet avec un
plein succès. Mais je dois m entionne r une mission dont
l’objet était spécialement recommandé à M. Vaillant.
Il s’agissait particulièrement de recueillir des plants des
diverses espèces de mûrier cultivés au Bengale, ainsi que
des graines ou oeufs de toutes les variétés de vers à soie
qui s’y nou rrissen t de leurs feuilles. Plusieurs de ces
variétés d u précieux insecte sétifère étaient en effet
signalées depuis longtemps comme très-bonnes à acclimater
en France et dans nos colonies.
11 s em b le , au premier coup d ’oe il, peu nécessaire
p o u r atteindre un tel b u t, d ’employer un bâtiment de la
marine m ilita ire , lorsque ta n t de navires de commerce
font incessamment les voyages de l’Inde et reviennent
de Calcutta en Europe.
Mais il faut rem a rq u e r que ce qui p ara ît si simple au
p remier coup d ’oeil est au contraire fort difficile. Non-
seulement les oeufs de ver à soie exigent de grandes
précautions p o u r traverser les divers climats et supporter
les influences variées d ’une longue navigation, sans
s’altérer ou sans arriv e r à une éclosion p rématurée ; mais
la conservation des plants eiix-mêmes demande des soins