une charniaïUe maisonnelle, cachée à moitié dans im
massif de grands arbres et du plus pittoresque effet. Un
large canal en to u ra it toute la proprié té . On le parcourait
eu bateau à l’ombre des touffes de bambous et des
arbustes fleuris qui bordaient ses rives. Dans le milieu
de ce c a n a l, une île so rtan t des eaux élevait au sein
d nue corbeille de fleurs un kiosque ou pavillon cbinois ;
gracieux m o n um en t, où le b abou voulait être enseveli.
11 ajijielait la petite île : son île Sainte-Hélène. Il n ’avait
jamais v u , sans d o u te , l’affreux roche r d o n t il em p ru n tait
le nom.
« Pendant n otre promenade dans le p a rc , au moment
du coucher du soleil, nous vîmes arriver un des éléphants
du babou , conduit p a r son cornac. Sur la croupe
de 1 animal s’étendait une riche housse de couleur rouge,
brodee en soie noire. Son m a îtr e , ingénieux à trouvei-
to u t ce q u ’il pensait pouvoir nous être agréable, avait
voulu nous pro cu rer le plaisir de monte r à éléphant, et
il avait choisi p o u r cela le moment où le soleil ne p o u vait
nous incommoder. Le commandant et M. Bédier
étaient de tro p graves personnages p o u r p ren d re leur
p a rt de cet amusement n o u v e a u , mais le même motif ne
pouvait retenir ni mes camarades ni moi. Nous grimpâmes
d o n c , chacun à n oire to u r, sur le dos de la noble
b ê te , complaisante monture q u i , sur un geste du cornac
, s agenouillait p o u r nous laisser placer commodément
et ne se relevait que lorsque nous étions assis. .Te
ue saurais dire bien au juste si l’on est là plus ou moins
bien q u ’à cheval pour faire un long tra je t, mais j ’aurais
élé bien fâché de manquer cette occasion de pouvoir
plus la rd dire : j ’ai monté un éléphant!
« Il était nu it quand nous quittâmes l’habitation du
b ab o u , fort contents de lui e t de to u t ce que nous avions
vu. 11 voulait absolument nous faire accepter une invitation
à dîne r p o u r le 30 du m o is , mais M. Vaillant
pressé de p a rtir ne pouvait prolonger jusque-l;i son
séjour. Il refu sa, en p ro te stan t de ses reg rets, ef nous
regagnâmes la ville.
« Deux jo u rs après je (juiltais C a lcu tta , léger d ’argent,
et sans em porter un reg re t; mais au demeurant fort
satisfait d ’avoir vu p a r moi-méme cette opulente cité
d o n t j ’avais si souvent entendu raconter des choses
incroyables. »