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regardèrent ensuite mutuellement comme p o u r s’in te rroger
sur leurs sensations, un immense éclat de rire
partit à la ro n d e ; comme il arrive à des gens désappointés
q u i, après s’élre communiqués leurs projets
imaginaires, voient s’évanouir à la fois tous ces châteaux
en Espagne, e t p ren n en t gaiement leur parti de leur
commune mystification.
Ce fut alors à qui plaisanterait son voisin sur le sujet
de ses rêveries favorites. — Les belles montagnes! disait
1 un ; quel plaisir d ’errer à l’aveuture dans les gorges
profondes qui les séparent ! de gravir leurs croupes ta pissées
de laves; d ’embrasser du h au t de leurs cimes la
vue des riants jiaysages de l’île , et la vaste étendue des
mers se p e rd an t dans un lointain horizon ! — Avez-vous
vu des sommets du Bénard, le soleil se lever dans un
ciel sans nuages? et le spectre d ’Ammon, son image décolorée
, m o n tre r à l ’extrémité opposée du ciel son disque
b la n ch â tre , d ’où p a rten t deux immenses cornes. — Dites-
nous les sensations poétiques que réveille un si m agnifique
spectacle.
— Allons, allons, messieurs, s’écria un des interlocuteurs
qui craignait peut-être de défrayer à son to u r la
verve satirique de ses camarades ; laissoiis-là les rêves
dorés que chacun de nous avait faits. Nous étions aussi
fous les uns que les autre s; e t, ma fo i, tan t pis p o u r
nous si nous avons oublié le vieux proverbe : « Qui
compte sans son hâte, compte deux f o i s . »
Un sourd murmure succéda k ces paroles. L’orateur
déconcerté s’a n é la , el la gaieté se ranima de jilus belle.
Bersonne en effet n ’avait ouvert la b o u cb e , soit pour
blâmer, soit pour ap p lau d ir; le b ru it qu on venait d e n tendre
avait élé jiroduil par un autre jicrsonnage placé
à quelques pas du cercle, el que nul ue siqiposail devoir
s’intéresser â la conversation.
L a panthcTG.
Ce personnage n ’était autre q u ’une panlbèi e embarquée
la veille, et à qui personne n ’avait fait attention
jusque-là. Le gouverneur de Bourbon, qui l’avait reçue
en présent de l’Iman de Mascate, s’étail empressé de
l’offrir à M. V aillant p o u r le Muséum d ’Hisloire naturelle
de Paris. L’an im a l, tranquille dans sa cage tan t que la
n uit d u r a , sentait en ce moment son apjiélil se réveiller,
et il demandait dans son langage qu’on songeât à son
déjeuner.
La pauvre bêle avait raison ; ju sq u ’alors nul ne s’élail
inquiété d u soin de sa nourriture el n ’avait pensé à la
difficulté d'y pourvoir. Il ii'étail pas facile de ramener
vivant ju sq u ’en France nn animal carnassier, peu délicat
à la vérité sur la qualité de la viande, mais qui ue s ac
commode pas des salaisons. On agita Irès-sérieusement la
question de savoir comment sortir de la difficulté, el le
résultat de la délibération fut q u ’il fallait empailler la
pan th è re , attendu l’impossibilité de conserver autrement
un imlividu de si l)on apjiétil pour ([ui il n’existait aucune
provision à bord.