les manoeuvres, nn grand parc d ’arlillerie où sont réunis
neu f cents canons et un nombre infini de piles de boulets
ou d ’obus ; tel e s t, en somm e, l’ensemble cpie présente
la citadelle de Calcutta ; q u a ran te mille liommes peuvent
y être logés à l’aise p o u r la défendre. Toutes les co n structions
intérieures respirent la g randeur et le luxe le
plus recbercbé. L’église, cpii occupe le centre de la p la c e ,
est un cha rmant édifice, bâti dans le goût des monuments
gothiques.
« Au moment où nous entrâmes dans le fo rt, les soldats
de la garnison faisaient l’exercice sur le champ de
manoeuvres. Leurs uniformes blancs me p a ru ren t surtout
remarquables p a r leur exquise p ropre té. Le coup d ’oeil
de ces troupes était vraiment ravissant. La garnison se
composait de soldats anglais et de cipayes en plus grand
nombre que les européens. Chaque soldat b lanc a , p o u r
le servir, un domestique qui le suit en campagne comme
en garnison ; ils sont d ’ailleurs fortement rétribués. Je
ne pouvais, à ce p ro p o s , m’empécber de songer aux
anciens chevaliers allant en guerre avec une suite d ’é-
cuyers et de pages.
L ’e sp la n a d e d e C a lcu tta .
« Entre le fort William et la rivière s’étend une lo n gue
esplanade q u i, au coucher du soleil, devient le
rendez-vous de toute la société de Calcutta. Nous sortions
du fort précisément à l’heure où les voitures remplies
d ’élégantes la d ie s , et les nombreux cavaliers caracolant
aux portières envahissaient cette promenade favorite. Je
com ptai, en la parco u ran t une seule fois, plus de cent
vingt calèches presque toutes découvertes. Le luxe des
toilettes rép o n d a it à celui des équipages ; de jolies figures
attiraient p a rto u t les re g a rd s , mais je cherchai vainement
sur leurs traits délicats quelque expression de plaisir et
d ’ammation. Pâles et languissantes, ces fleurs d ’Europe
semblaient s’être fanées au soleil du Bengale. Toutes les
jouissances du luxe et de la forlune ne valent pas Tair du
pays !
«Nous devions d în e r chez M. Blanchard; nous ne
pûmes nous a rrê te r longtemps à la contemplation des
belles promeneuses.
U n e fête m u su lm a n e .
« Le luxe asiatique présidait au festin qui nous fut
offert p a r M. Blanchard; l’affabilité de n otre hôte el la
gaieté de ses convives le ren d iren t plus agréable que tous
les apprêts. Je craignais cependant de voir se prolonger
cette seance gastronomique, ca r le soir même devait
avoir lieu une féte musulmane à laquelle j ’étais très-
curieux d ’assister.
« Nous partîmes à h u it heures p o u r nous y ren d re.
« La maison du mabométan cbez qui se donnait la
fê te , offrait un aspect singulier. Dans la cour q u ’entouraient
de vastes galeries, une foule de musulmans appar