que d ’autres voyageurs o n t é c rit, et des anciennes relations
que nous devons aux missionnaires, essayer
comme un autre d ’en conclure quelque chose to u ch an t
les moeurs et les coutumes des Chinois, leur genre de
vie, leur civilisation, l ’organisation intérieure de leur
société; je ne crois pas devoir le faire. Plus de modestie
sied au voyageur qui n ’a fait que toucher en passant sur
le p oint le plus extrême et ( si je puis me servir de cette
expression) le moins chinois de to u t le Céleste-Empire.
S’il a pu glaner quelques ép is, après tan t d ’autres qui
o n t aussi abordé ce vaste champ d ’observations, q u ’il
les ajiporte à la gerbe com m u n e , sans autre prétention
que de contribuer p o u r sa p a rt à la grossir peut-ê tre de
quelques grains. Mais q u ’il se garde de mériter le re proche
exprimé en ces vers du chantre de la Religion ;
Tu n’aperçois encor que le coin du tableau ;
Le reste t’est caché sous un épais rideau,
Et tu prétends déjà juger de tout l’ouvrage !
Pour avoir osé d avantage, nous voyons les auteurs
qui o n t écrit sur la Chine se perdre dans des suppositions
et des systèmes contradictoires : les uns exaltant,
les autres rabaissant sans mesure la civilisation et les
lois d ’un peuple in connu réellement à to u s; traitan t de
romans et de fables les ouvrages publiés avant e u x , sans
s apercevoir que d ’autres auteurs viendront encore qui
ne les ménageront pas davantage eux-mêmes.
Ea seule cbose q u ’on puisse dire sans craindre trop
f t l
de se trom p e r, c’est que la civilisation e t les moeurs de
la C b in e , to u t stationnaires q u ’on les suppose généralem
e n t, o n t dû marcher et se développer avec le temps,
comme ont marcbé n otre civilisation et nos moe urs;
q u ’isolées l’une de l’a u t r e , ces deux civilisations , parallèles,
mais n o n rivales, o n t dû progresser d ’une manière
différente et peut-être inégale; q u ’aucune comparaison
ne saurait être établie entre e lle s , d ’abord parce
q u ’un des termes ne nous est pas suffisamment c o n n u ,
e t ensuite parce q u ’il n ’y a probablement entre les deux
d ’autres points de contac t que ceux qui tiennent aux
conditions générales de l ’h um an ité ; q u ’enfin, en voyant
les beaux p ro d u its de l’industrie cb in o is e , la richesse
de ses cu ltu re s, aux points abordables de l’em p ire ,
l’babileté avec laquelle cet empire a su se maintenir ju sq
u ’ici sans se laisser e n tam e r, même p a r le génie envahissant
de l’Angleterre, il ne faut pas se h â te r de mépriser
un peuple d o n t quelques usages nous semblent
dignes de pitié.
Ces observations s’adressent à ceux q u i, ch e rch an t
dans cet ouvrage plus d ’agrément que de c e rtitu d e , seraient
tentés de se plaindre de n ’y trouver que quelques
notions décousues et p eu t-ê tre , hélas ! tro p vides
d ’in té rêt. Je pourrais ajouter au b e so in , comme ré ponse
p é rem p to ire , que je n ’écris pas I histoire de la
Chine, mais bien celle du voyage de la Bonite. Ce n ’est
pas ma faute assurément si les ardents et judicieux observateurs
que portait ce b âtim en t, n ’ont pas jiu en voir