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Le 2 mai, ìa /iViM/'te fVaiicliil enfin en louvovanl le jias-
sage difficile (|iii la séparait de Kedgérée, et passa la miil
suivante à l’ancre dans ce mouillage. Elle y fut assaillie
p a r nn de ces furieux grains de N. O. d o n t parle Hors-
burg. Le vent soufflait avec la plus grande violence; les
coups de tonne rre jirécédés de brillants éclairs se succédaient
rap id em en t, tandis q u ’une pluie torrentielle
inondait la corvette. Deux ancres et quatro-vingt-denx
brasses de chaîne suffirent à peine, p en d an t cette orageuse
n u it, p o u r maintenir la corvette et l’empêcher de
tomber sur les bancs dangereux situés près de là.
Le jo u r v e n u , on remit à la voile p o u r traverser
rOugly et gagner le mouillage de l’île Sagor. Un in stan t,
la corvette arrêtée p a r le calme fut encore obligée de
mouiller au milieu de la rivière; mais la brise ayant e n suite
rep ris, elle atteignit Sagor vers les trois beures après
midi. Comme elle doublait la pointe N. de Eastern-
Reef, un bomme tomba à la m e r; c ’était le septième
depuis le commencement de la campagne à qui ce malh
eu r arrivait; ce fut aussi beureusement le septième q u ’on
sauva.
Le 4 mai, l’atmosphère plus chaude encore que de
coutume, semblait annonc er l’approcbe du mauvais
temps. La Bonite appareilla p o u rta n t, dès que le coura
n t de ju san t se fit sentir. Vers m id i, elle doublait le
feu flottant intérieur, et peu d ’instants après spit buoy.
Le courant avait en ce moment une vitesse de trois
noeuds.
Tem p ê te .
Cependant le ciel se couvrait de nuages du côté du
N. O. Le temps prena it de moment en moment une
apparence plus menaçante. L’orage montait à l’h o r e o n ,
on entendait déjà les roulements du to n n e rre , d o n t le
b ru it se rap p ro ch a it sensiblement. Debout sur le gaillard
d ’arrière, le commandant qui, en ab an d o n n an t au pilote
la conduite de son b â tim e n t, n ’avait p oint abdiqué le
d ro it de veiller à sa conservation , observait avec anxiété
cette masse de lourds nuages s’avançant majestueusement;
sombre phalange qui se dévelojipait sans cesse,
prête à bientôt envahir toute la voûte céleste. On eût dit
une armée redoutable se déployant p o u r envelopper
l’e n n em i, el dessinant ses immenses lignes par de lo n gues
traînées de lumière. L’oeil du marin ue pouvait se
trompe r à cet aspec t; ce n ’était p oint un grain o rd in aire ,
c ’était une effroyable tempête qui se p rép a ra it. Déjà la
brise de S. O. qui soufflait encore, étouffée p a r le poids
du co u ran t o p p o s é , allait s’affaiblissant de plus eu plus ;
les éclats de la foudre secs e l précipités préludaient
comme uu feu tie tirailleurs au choc immense de la
tourmente prochaine. « Allons-nous mouiller? demanda
M. Vaillaol. — Pas en c o re , rép o n d le pilote. — Le ciel
est bien noir rep ren d le commandant ; le grain qui monte
sera fort; bientôt uous ne verrons plus à nous co n d u ire ;
nous pouvons être jetés sur les bancs et manquer le feu