ti’oj) courts au gré de nos v oyageurs, lui avait beaucoup
parlé de l’état qui formait son diocèse.
Ce prélat résidait babituellement à B angkok, capitale du
royaume. J ’ai dit ailleurs q u ’il avait su s’y faire aimer du
souverain. 11 était su rto u t en très-bonne s relations avec
les frères du r o i , qui venaient souvent le voir et causer
avec lui. Un d ’eux montra it même quelque propension
à embrasser le cbristianisme, d ’ailleurs à peu près toléré
dans le pays.
Aussi voyâit-on déjà dans le royaume de Siam plusieurs
églises, où se réunissaient un grand nombre de fidèles.
La cour de Siam, partageant à cet égard le sentiment
qui domine dans tous les Etats voisins , cra in t extrêmement
les Anglais , d o n t elle c o n n a ît, p a r de nombreux
exemple s, le caractère envabissant et d omina teur. Elle a
conservé la tradition des succès que n o tre marine militaire
a obtenus dans l’Inde contre les bâtiments de la
Grande Bretagne e t, nous considérant toujours comme
les rivaux de cette p u iss an c e , ses sympathies nous a p pellent,
moins p o u r nous-mêmes peu t-ê tre , q u ’en raison
de l’aversion inspirée par ceux q u ’elle suppose nos ennemis.
Le gouvernement siamois désirerait voir dans ses ports
les navires du commerce frança is, qui y trouveraient en
effet â p ren d re des produits aussi riches que variés. Mais
il verrait surtout avec plaisir nos bâtiments de guerre.
S’il faut en croire le digne évêque, le roi se tro u v e rait
heureux d ’avoir en nous des alliés el des protec teurs;
DE LA BONITE. 359
jiarce q u ’il a une haute idée de la puissance de la France
et q u ’il ue redoute p oint son ambition. Aussi ce prélat
disait-il à M. Vaillant :
« Que n ’avez-vous été envoyé â Siam p o u r y remplir
une mission semblable à celle du commodore Kennedy ! »
Il p rétendait que les manières françaises auraient m ieux
réussi â la cour de Bangkok que le ton des officiers américains,
e t q u ’on aurait sans peine conclu un traité d ’amitié
et de commerce assurant à la France les plus grands avantages.
Je ne sais si l’avenir se chargera de réaliser les p ro messes
q u ’il croyait voir dans les dispositions actuelles
du gouvernement siamois â l’égard des F rançais; mais en
rappe lant l ’opinion q u ’il exprimait au com mandant d e la
Bonite, je ne peux me défendre de penser aux relations
que la France eut autrefois avec le royaume de Siam.
S o u v e n irs d ’a u tre fo is.
T chaou-N a ra ïa, qui régnait a lo r s , avait aussi compris
les avantages de n o tre civilisation et le profit q u ’il p o u vait
trouver dans une alliance avec la France. Trois
évêques français se succédèrent à Siam. Des ambassadeurs
siamois p a ru ren t à la co u r de Versailles, et bientôt
après une ambassade française arrivait à Siam, suivie de
troupes auxiliaires. P en d an t quelque tem p s , la faveur des
Français auprès de Tchaou-Naraïa se ma in tin t sans égale.
Tandis que de Fargel commandait les troupes auxiliaires.