(elles (jne Miiiiliiiiao , c ’est-à-dire les Malais que la civilisation
n ’a point modifiés et d o n t le caractère primitif
ne s’est point adouci au contact des moeurs européennes.
Cela ne para ît p oint vrai des Indiens de Luçon.
Ceux-ci, considérés sous le rap p o rt de la civilisation
et des moyens intellectuels, sont supérieurs à nos paysans.
To u s, ou presque to u s , savent lire et écrire. Ils
imitent avec un e grande facilité toute espèce d ’ouvrages
de patience. Ils o n t l ’oreille ju s te , aiment passionnément
la musique et s’y livrent avec succès. Ils manifestent également
des dispositions très-prononcées p o u r la peinture.
Les Indiens sont courageux e t durs à la fatigue. La
sobriété est une de leurs vertus. Un peu de riz et de sel,
telle est leur n o u rritu re ordinaire. Les boissons spiri-
tuenses sont bannies de leur repas, mais ils résistent difficilement
à la faim. S’ils n ’o n t pas de quoi m an g er, ils
se co u ch en t, a tten d a n t que le sommeil leur ait rendu
quelques forces p o u r aller chercher des vivres.
Insoucieux par caractère, l ’Indien Tagal ne songe pas
plus au passé q u ’à l ’av e n ir; il ne s’occupe que du moment
présent. S’il se trouve dans quelque cas embarrass
a n t, il ch e rch e, dans les ressources de son e sp rit, un
expédient pour en sortir, et il ne cherche pas longtemps.
De l à , p e u t-ê tre , la facilité q u ’ils o n t à mentir e t leur
propension habituelle à ce défaut.
Les Tagals ne sont pas querelleurs. Ils se me ttent difficilement
en colère; mais, quand ils y sont poussés, ils
deviennent furieux. Us se ren d en t raison de leur ennemi
par le poignard. C’est aussi au poignard q u ’ils demandent
satisfaction d ’une injustice commise à leur égard.
Ils préfèrent recevoir de leurs chefs des c o u p s , p lu tô t
que des injures ou des reproches. Quand ils o n t commis
une faute , ils tro u v en t to u t simple q u ’on les c h â tie ; ils
pensent que les coups de ro tin effacent lëur to rt et le font
o ublie r; mais les in ju re s, pensent-ils, laissent de la ra n cune
dans le coeur de celui qui les a proférées.
Dans leur inté rieur, ils se m o n tre n t généralement bons
et affectueux pour leur femme e t p o u r leurs enfants. Les
femmes sont exclusivement chargées des soins dii ménage
et à ce titre dépositaires de l’argent. Jamais le mari
ne leur en demande compte.
Passionnés p o u r les jeux de h a s a rd , ils p e rd e n t quelquefois
en un moment le fruit de plusieurs mois de tra vail
; mais ils supportent cette perte sans que leur physionomie
trahisse le plus léger dépit.
Les Indiens de Luçon sont plus dévots que religieux.
Eu d ’autres termes, ils se font une fausse idée de la religion
do n t ils suivent les pratiques. On en a vu commettre
un vol la veille du jour où ils devaient recevoir la communion
et ce vol avait p o u r objet de leur p ro cu re r le
moyen de faire un bon déjeuner après avoir communié !
Un chef de voleurs à qui l’on demandait ce q u ’il avait
fait du produit de ses r a p in e s , rép o n d it q u ’il ne gardait
jamais pour lui ([ue le strict nécessaire. «Quant