biais de ([iieslions sur les usages de sa tribu. De son côté,
elle s’enn>ressait de me d o n n e r tous les détails que je
désirais apprendre . Evidemment mon interlocutrice
était flattée de captiver à elle seule la plus grande p art
de l’attention de l’é tra n g e r; aussi ne tarissait-elle pas.
(( La race des Aejetas est misérable. Ils vivent absolument
dans l’état de simple nature. Ils ne s’occupent pas
de cultiver la te rre ; subsistent de la cbasse et n ’o n t point
d ’babitation fixe. Un mécbant toit de b ra n d ie s entre lacées
leur sert d ’abri dans leurs campements. Ils le to u rnent
du côté d ’où vient le vent. Sous ce to it, à peine
capable de les garantir de l ’orage, bommes, femmes, enfants
et chiens se blottissent, couchés pêle-mêle sur la
te rre nue.
« Quand la partie de la forêt où ils campent est épuisée
de gibier, ils l’ab a n d o n n en t p o u r aller chercher ailleurs
un q uartier oîi la cbasse soit pins abondante.
« Les armes d o n t ils font usage sont l’arc e t la lance de
liamboii. Leurs flèches sont empoisonnées. Pour tout
vêtement, ils o n t une ceinture en écorce d ’a rb re et un tu rban
de la même matière. A ces objets indispensables, jo ignez
quekjnes vases en coco ; u n m orceau de bois façonné
})our b a ttre l ’écorce d’arbre qui leur sert d ’étoffe; un
petit couteau en bambou e t quelquefois en fer (quand
ils peuvent s’en p rocurer auprès des Tagals), voilà toute
la fortune de l’Aejeta. Il ne possède rien autre chose au
monde.
« Leur religion est l’idolâtrie; mais l’idolâtrie sans objet
fixe e t déterminé. Qu’un a rb re , un roche r de forme
bizarre, une montagne, on to u t autre objet frappe accidentellement
leur imagination : ils l’ad o ren t ju sq u ’à ce
que leur vue y soit habituée. Mais après ils l’oublient et
restent sans culte e t sans dieu , ju sq u ’au moment où un
nouvel objet vient éveiller leur étonnement. Ils croient
à l’immortalité de l ’âme et supposent q u ’après leur mo rt
ils so rten t du tombeau p o u r aller à la chasse.
« Leurs mariages se font presque sans cérémonies. La
seule en usage p o u r consacrer ces unions, est empruntée
à leur genre de vie e t rappelle la cbasse qui fait leur unique
occupation.
(( Quand les parents d ’un jeune bomme et d ’une jeune
fille croient que les deux jeunes gens se conviennent, ils
envoient la prétendue se cacher dans la forêt. L’amant
alors co u rt à sa recherche; s’il la tro u v e , ils reviennent
mariés; mais si la jo u rn é e se passe sans q u ’il ait découv
ert sa maîtresse, il ne p eu t plus p ré ten d re à sa main.
« Une union si facilement contractée semble tenir à
bien peu de chose. Il en est to u t autrement cependant.
La fidélité dans le mariage e s t , chez ce p e u p le , chose
sacrée. La mo rt seule p eu t délier ces époux et permettre
au survivant de se remarier.
<( L’enfantement est p o u r les femmes une opération
toute n aturelle , qui n ’exige et n e doit accepter l’inte rvention
de personne. Lorsqu’elle se sent prise par les douleurs
qui en sont le prélude, la future mère s’éloigne de
ses compagnes, cherche un endroit voisin de la rivière,