cun lien les ait unies entre elles, sans que l’une ait asservi
l ’autre.
On connaît très-imparfaitement ces hordes sauvages,
chez lesquelles peu de personnes osent s’aventurer. Ce
q u ’on en sait se rap p o rte presque uniquement aux tribus
les plus voisines de Manille et ne suffit pas p o u r d o n n e r
une idée complète de toute la population insoumise.
Bien des raisons p o rte n t à croire que cette population
n ’est point aussi homogène que certains auteurs l ’o n t
supposé; q u ’elle a été formée de races diverses; que ces
races, primitivement distribuées sur le vaste te rrito ire de
Luçon, ne se sont même pas entièrement confondues,
quand l’invasion des Malais les a rejetées dans les m o n tagnes;
et q u ’elles ont continué à former des tribus distinctes,
ayant cbacune ses usages, son caractère p ro p re
et le type plus ou moins altéré de son origine. C’est ce
que je puis inférer, sans crainte d ’erreu r, des notes communiquées
p a rM . de La Gironnière sur les peuplades de
l’est désignées p ar lui sous les noms d ’Aejétas ou Négritos
e t sur d ’autres trib u s du n o rd q u ’il distingue en
Tigianes, Igorotes et Guinanes.
M. de La Gironnière est d ’au tan t plus digne de confiance
en cette matière, q u ’il parle de ce q u ’il a vu. Je
pourrais me contente r, après ce préambule, d ’analyser
ici ses observations. Je préfère le laisser lui-même nous
raconter son voyage dans le pays des Aejétas. Ce récit
aura je pense plus d ’intérêt p o u r le lecteur.
V o y a g e ch e z les Ae jé tas o u N é g rito s .
« Le désir d ’observer p a r moi-même les Négritos ou
Aejétas me fit en trep ren d re une excursion dans les mo n tagnes
qui sont situées dans l’E. N. E. de la lagune.
J ’étais curieux de mieux conna ître les moeurs et les usages
de ces peuplades, si voisines du lieu où j ’ai fixé désormais
mon séjour. Je pensais d ’ailleurs que je pourrais
re n d re service à la science, si je trouvais l’occasion de
me p ro cu re r quelques débris humains p ropre s à d é te rminer
le classement de cette race dans la grande famille
de l’homme.
« Le 19 septembre 1 8 3 7 ’, je partis de Jalajala*, accompagné
de quatre Indiens d ’une fidélité et d ’une b r a voure
à to u te épreuve. Un d ’eux connaissait déjà les
lieux que nous devions p a rc o u rir. Je l ’avais choisi p o u r
me servir de guide. Us étaient comme moi bien armés et
p o rta ien t les provisions nécessaires p o u r satisfaire à nos
besoins dans un pays absolument privé de ressources.
« Le soir nous arrivâmes au bo u rg de Siniluan. Ce
bou rg , peuplé de Tagals, était le dern ie r que nous devions
ren c o n tre r sur n otre cbemin avant de nous engager dans
la contrée des Aejétas. Nous y passâmes la nuit.
' Le voyage de M. de La Gironnière est postérieur au passage de la
Bonite. Il en avait puisé la pensée dans ses entretiens avec M. Eydoux,
à qui il en envoya plus tard la relation que je donne ici.
‘ L’habitation de M. de La Gironnièi-e.