L a p a g o d e d e T r é v i l -C a r r é .
La pagode de T'révil-Carré est à sept ou h u it lieues de
Pondicbéry. Lne telle distance à franchir est un véritable
voyage, surtout dans un pays si chaud. Mais M. Bui-
rette Saiut-Hilaire s y était pris de manière que ses
hôtes ne s’en aperçussent pas.
Une suite de palanquins, avec leurs porteurs, les coureurs
obligés et les p o rte -to rcb e s, formant ensemble une
tro u p e de soixante à soixante-dix In d ien s , vinrent les
p ren d re au commencement de la nu it et la caravane se
mit en marche à dix h eures du soir. C’était le seul moyen
d ’éviter la grande chaleur. C’était le meilleur p o u r n ’épro
u v er aucune fatigue, pas même celle que cause l’insomnie;
car, dans ce genre de véhicule, celui surtout
(jui n ’y est p o in t habitué s’en d o rt bientôt sous l ’influence
du mouvement moelleux qui le berce e t d u ch an t m o notone
des porteurs.
M. Vaillant et ses compagnons de voyage éprouvèrent
cet effet, après beaucoup d ’autres. La caravane n ’était
pas sortie de P ondicbéry, que to u s , à l ’exception de
M. B uirette, avaient déjà cédé au sommeil. Ils traversèrent
ainsi, sans s’en doute r, le village de Valdaour, ancienne
possession française, qui au ra it dû revenir à la France
lorsque P ondichéry nous fut ren d u et que les Anglais
o n t g a rd é e , d it-o n , à la faveur de je ne sais quelle e rreu r
commise daus la rédaction des actes de cette époque.
11 fallut réveiller nos dormeurs quand, à six b eure s et
demie d u matin, les palanquins s’a rrêtè ren t devant l ’imposant
édifice q u ’on appelle la pagode de Trévil-Carré
( d ’autres disent TrikiwareC).
C’est un monument de construc tion fort ancienne.
Le m u r d ’enceinte tombe en ru in e dans quelques endroits
; mais la pyramide tronquée qui s’élève au-desssus
de l’entré e est encore dans un état parfait de conservation.
Sur un e large base de granit s’élèvent sept étages
bâtis en b riq u e s , couronnés p a r un e espèce de cylindre
horizontal d o n t les deux extrémités p o rten t p o u r ornem
en t deux paons étalant l’éventail de leur queue. Ces
oiseaux o n t, à ce q u ’il p a ra ît, u n caractère symbolique,
car on les trouve ainsi représentés sur presque toutes les
pagodes.
Dans l’in té rieu r de l’édifice, où l ’oeil pouvait p én é tre r
lib rem en t, grâce aux larges brèches de l ’enceinte, on
distinguait les statues de pie rre des divinités adorées en
ce lieu; mais on eût p e rd u peu de chose à ne pas les
voir. Le seul objet vraiment remarquable e s t, en effet,
la grande pyramide de l’entrée q u i, p a r sa construction
g ran d io se , aussi bien que p a r les ornements d o n t elle
est dé co ré e , mérite de fixer l’attention d u voyageur tan t
soit peu artiste.
Il en était de ce genre parmi les curieux qui venaient
d ’a rriver avec M. Buirette Saint-Hilaire. Ceux-là restèrent
longtemps à contempler le monument h in d o u , do n t ils
voulaient emporter uu croquis; tandis <{ue d ’au tre s.