el nous préseiila à deux officiers composant avec nous
toute sa société. Le déjeuner était servi; on se mit à
table : c ’était ce q u ’on pouvait faire de mieux, car la
conversation ue semblait guère devoir s’animer, dans les
premiers moments su rto u t, entre ces messieurs qui
n ’entendaient jioiut le français et nous qui parlions an glais
fort difficilement. Heureusement, après le déjeuner
survint un nouveau personnage, à qui n o tre langue était
familière, l.e commandant avide de renseignements s’emp
ara de lui; je me permis moi-méme (juelques questions
el bientôt l’entretien devenu général nous présenta le
Jilus vif intérêt.
« La scène était bien ch o isie, du r e s te , p o u r traiter le
sujet qui défrayait en ce moment la conversation ; car,
de la maison du gonverneiir, l’oeil embrasse to u t l’ensemble
des possessions de la com p ag n ie , à l’entrée du détroit
de Malacca. Notre interlocuteur nous m ontra it de la main
tous les objets auxquels ses paroles se rapportaient.
— « Cette belle p la in e , d o n t nous découvrons toute l’éten-
« d u e , est la province Welleslay : vous distinguez d ’ici
« ses rizières et ses grandes plantations de cannes à
« sucre. Toute une population de Malais la cultivent, et
« cette popidation b e n re n s e , parce q u ’elle est occupée ,
« se laisse facilement conduire p a r un petit nombre de
« blancs. Plus lo in , sur la côte, à la suite du Welleslay,
« s’étendent les terres de Tanasserim e t de Martaban;
« toutes ces te rre s , jusqu’au P ég ii, sont maintenant so u ci
mises à la domination anglaise.
« Le canal tout entier comjiris en tre la côte malaise el
Pulo-Pinang forme, à pro p rem en t parle r, la rade on de
nombreux navires peuvent se mettre en sûreté. Cette
rade est excellente ; les bâtiments y tien n en t très-bien
sur leurs anc res; m a is, comme l’indique sa configura
tio n , il règne dans le milieu de sa largeur un courant
q u i, dans les syzygies, acquiert ju sq u ’à deux noeuds
e t deux noeuds et demi de vitesse ; il est b eaucoup moins
rapide ordinairement. Le meilleur mouillage est en deçà
du c h e n a l, à un mille de la pointe du fort q u ’on voit
d ’ici; il y a dans cet en d ro it cinq brasses de fo n d ,
l’action des courants s’v fait à peine sentir.
« Vous voyez q u ’on peut arriver au mouillage de deux
côtés : par le N. et p a r le S. de l ’île. L ’entré e du canal
du côté d u n o rd , celle que vous avez prise en a rriv an t,
n ’offre aucun danger. Dès q u ’on a d o u b lé , près de
la côte N. E. de P in an g , cette petite île q u ’on nomme
Pulo-Rucoor, il suffit de se ten ir sur des fonds de
cinq à six b ra sse s, c’est-à-dire d ’éviter les pêcheries
q u ’on voit sur l ’une et l’autre côte. Les longs bambous
qui les limitent p euvent serxdr de guides au navigateur.
Ils sont placés communément sur des fonds de (juatre
brasses à cjuatre brasses et demie. Plus au la rg e , le
canal a p arto u t une profondeur qui exclut toute idée
de danger.
« L’entrée du sud n ’est pas si facile ; des rocbers el
des bancs de sable irrégulièrement placés ne permettent
jias de s’y engager sans le secours d ’un jiilole. »