Ue jour de son ai-rivée sur la rade l'iil donné aux soins
que réclame le service d Un hâliment de guerre dans les
premiers momenls d ’iiiie relâche. A peine la commission
de santé, venue â bord comme la corvelle mouillait,
eut-elle autorisé la comimmicalion avec la te rre , q u ’un
officier fut envoyé p o u r tra ite r du salut, qui fut fait le
jo u r même et ren d u coup pour coup.
P en d an t ce temps une commission composée d ’im
officier, du médecin et du commissaire, accomplissait
une oeuvre non moins intéressante, en assurant â l’équipage,
par un marché, la fourniture journalière des vivres
frais do n t ces hommes avaient grand besoin après quarante
jo u rs d ’une navigation pénible.
Mais ce n ’était pas to u t : les temps fort durs q u ’on
avait essuyés, en traversant l’océan Pacifique et sur les
côtes de Luçon, avaient beaucoup fatigué la corvette. Il
y avait des avaries â rép a re r dans la mâture, la voilure
et le gréement.
La première jiensée du capitaine fut de to u t visiter
afin de s’assurer du mal et d ’y remédier sans re ta rd ; car
il allait bientôt se lancer, à contre-mousson, dans des
jiarages où les mauvais lenqjs sont fréquents et terribles.
Il fallait mettre le Iiàtimenl en étal d ’y résister. M. Vaillant
reconnut que les bas-mâts avaient pris du jeu dans
leurs étambrais e t demandaient â être assujettis ; que
leur gréement devait être fourré de nouveau en entier ;
(ju’o u tre la vergue de grand hunie r, cassée en deux trois
jo u rs auparavant, il lâllait remplacer aussi celle de petit
lumier, craquée de manière â ne plus inspirer aucune
confiance. Il prit ses dispositions en conséquence; régla
les travaux qui devaient s’exécuter â b o rd et lit acheter â
Manille une pièce de bois q u ’on travailla sur place pour
en faire la nouvelle grande vergue.
Il traita aussi avec le patron d ’un bateau du pays pour
renouveler l’eau de la corvette et n ’oultlia pas d ’assurer,
en même temps, son approvisionnement en vivres do
camjiagne, au tan t (|ue les ressources du pays le peTiuet-
I raient.
l)t'l)arf|iiPnK'iil tht M. B a rro t.
Cependant M. Bairot, en proie â d ’autres préoc cupations,
était descendu â te rre incognito, en compagnie de
([uelques officiers déjà venus â Manille et qui connaissaient
dans cette ville plusieurs personnes bien placées
pour instruire le consul de to u t ce qui l’intéressait.
Avant de se présenter officiellement, il lui inqiortait de
savoir dans quelles dispositions il serait reçu, de se ren seigner
sur les moeurs et coutumes du pays, sur le caractère
de ceux â qui il allait avoir affaire et généralement
sur tout ce qui jiouvait lui servir â régler sa p ro p re conduite.
Enfin il n ’était pas inutile non plus qu’il s’assurât
d ’un logement au moins provisoire, avant de débarquer
définitivement et de faire p o rte r â te rre ses innombrables
effets. Apparemment ce q u ’il apprit d u t le satisfaire, car
le soir en ren tran t â bo rd , il manifesta rin le n tio n de dé-
bartiuer officiellement le lendemain.