à qui revenait ITioniieur de cette récepliou empressée.
« Le babou proposa de nous m o n tre r en détail son
habitation : nous le suivîmes. Je n ’avais jamais vu tan t
de magnificence. Tout ce que le luxe asiatique et le luxe
européen réunis peuvent offrir de plus recbercbé, se tro u vait
rassemblé dans ce lieu. Près d ’une belle collection
de tableaux et d ’a<[uarelles, j ’admirai de magnifiques
statues en marbre. Une riche bibliothèque réunissait aux
ouvrages de la littérature orientale les chefs-d’oeuvre des
giauds écrivains de l’Europe. Un magnifique piano faisait
p en d an t à des tables couvertes d ’albums reliés avec
soin et pleins des dessins les plus remarijualiles des a rtistes
français et anglais. Un ameublement en laque de
Chine d ’une exquise délicatesse brillait à côté des plus
parfaits ouvrages de n o tre ébénisterie.
« Nous vîmes surtout une chambre nuptiale qui su rpasse
to u t ce q u ’on peut imaginer de plus recbercbé.
Quand un de ses parents ou de ses amis se ma rie , le
riche babou se fait un plaisir singulier de mettre cette
chambre a la disposition des nouveaux mariés, pendant
les premières semaines de leur union. Là, sur un lit
splendide long de bu it pieds et large de d o u z e , sont
jetés des coussins de velours qui forment une volu p tueuse
coucbe. Une gaze verte règne to u t a u to u r; et
dans l’inté rieur de cette espèce de tente s’agite un panka
en soie verte , mis en mouvement p ar un serviteur placé
dans line chambre voisine. Les murs sont décorés de
magnifiques peintures dont l’amour forme le sujet; mais
ces peintures sont recouvertes d ’un voile, comme pour
piquer la curiosité et augmenter l ’effet que leur vue esl
destinée à produire. Deux portra its de femmes semblent
placés là p o u r attester que le b abou a aimé. Ces figures
en pied occupent les places d ’h o n n eu r dans la décoration
de la pièce : ce sont les divinités du lieu.
« La chambre nuptiale communique à une petite salle
de bains au pavé de m a rb re , aux parois entièrement
couvertes de glaces, et dans ce cabinet une élégante toilette
étale son riche service, d o n t toutes les pièces sont
en or massif du plus beau travail.
K Je ne finirais pas si j ’entreprenais de décrire les
innombrables bijoux et les mille objets de luxe q u ’un
ingénieux caprice a rassemblés p a rto u t dans l ’opulente
maison du babou. Ce que nous admirâmes le p lu s, au
milieu de toutes ces riche sse s, fut surtout le bon goût
avec lequel elles y étaient disposées.
« Après nous avoir promenés daus ses vastes appartements
, n otre hôte nous invita à passer dans la salle à
manger, où la collation était préparée. Nous nous mîmes
à ta b le ; mais au lieu d ’une collation ce fut un festin
splendide qui nous fut servi. Le riche b ab o u jouissait de
n o tre surprise et se m o n tra it visiblement flatté de l ’effet
p ro d u it p a r sa magnificence. Sa b onne humeur p en d an t
le repas se retrem pa dans de fréquentes libations de vin
de Champagne glacé, e t son imagination se montant par
degrés, ce brave homme devint envers nous to u t à fait
expansif. Il nous fit sa profession de foi avec tan t d e