B id o n d o .
L ’aspect du l'auljourg ou p lu tô t de la ville de Bidondo
forme le contra ste le plus parfait avec celui de la ville
de guerre. Autant celle-ci p ara ît triste et déserte, autant
l ’autre est rian te et animée. Les maisons, construites dans
un style fort simj)le, sont généralement entourées de
jardins et se caclient à moitié parmi les fleurs el la v e rdure.
Plusieurs p o rten t, malgré leur simplicité, le cachet
de l’aisance e t du confort ; c a r , parmi la classe des
métis, il y a des gens qui jouissent d ’une fortune siq>é-
rieui e :i celle des blancs de Manille. Ces b om m e s, que
l’aristocratie de Manille ne vo u d rait pas admettre dans
ses salons, réunissent souvent à une grande aisance une
éducation fort soignée.
La population ({ui se presse dans les rues de Bidondo,
mélange d ’Indiens-Tagals et de Cbinois, est d ’une activité
remarcpiable. Hommes e t femmes, to u t le monde tr a vaille
; aussi la m a in -d ’oeuvre est-elle à très-bas prix
dans le pays.
Le costume des Indiens-Tagals se compose généralement
d ’un simj)le pantalon, sur leipiel flotte une chemise
d ’élolfe légère. Sur leur tête est le salacot, espèce de
chapeau de paille de forme co n iq u e , qui les protège
allernalivemenl contre le soleil el contre la pluie.
La mise des femmes est plus pittoresque. Par-dessus
la ju])c s’altacbant à la c e in tu re , s’enroule une pièce
d ’étoH'e q u i , serrée au to u r des b a n c lie s ,s e drape gra-
cieu.semeiit en tombant jus(jii’à te rre. La partie supérieure
du corj)s est couverte par une espèce de canezou
d ’étolfe lé g è re , q u i, agrafé sous le menton et n ’étant
point serré ])ar le bas, laisse voir la ])eau à l’en d ro it de
la ceinture. La coiffure de ces Indiennes n ’est autre que
leurs cheveux tombant en tresses sur leurs é))aules.
Quekiues-unes y ajoutent un voile de lin tissu , qui est
fixé au sommet de la tète et descend négligemment sur
le côté. Elles so n t chaussées de souliers ou pantoulles
d o n t la semelle eu bois est élevée sur un talon de deux
pouces d ’épaisseur et d o n t le dessus recouvre à peine
une jianie des doigts du pied. Il faut toute l’adresse que
donne l’Iiabitude p o u r se servir d ’une telle cbaussure et
ne pas la laisser en cbemin.
Lit m tin u fa c tu rc dps tal);u;s.
En ])assant sur la place de Bidondo , à l ’heure où le
travail est inten onqiu p o u r laisser aux ouvriers le teni])s
de prendre leur ixqias, l’étranger ne p eu t manquer de
regarder une multitude de jeunes femmes <|ui se pressent
à la sortie d ’un vaste établissement, se réqiandcnt comme
lin to rre n t sur la place et s’é|)arj)illent ensuite dans les
rues voisines. L’établissement d ’où elles so rten t est la
manufacture royale des tabacs. Ces femmes, généralement
vives et accorlcs, sont les ouvrières qui façomiciU
les cigares de Mauiilo si estimés des fumeurs. 1« goii