j)liis amateurs des oeuvres de la nature que de celles de
1 industrie huma in e, allaient dans le voisinage, à la
chasse des oiseaux du p a y s , ou hien à la recherche des
objets de botanique et de minéralogie que la contrée
(louvait fournir.
Les uns et les autres revinrent peu de temps après
fort satisfaits, le minéralogiste surtout. Celni-ci avait
trouvé, a un mille de la p ag o d e , de curieuses pétrifications
gisant à la surface du sol. C’étaient des troncs
d a rbre ou des branches entières transformés en brillantes
agates. Dans quelques-uns des échantillons q u ’il
ra p p o rta , les fibres du b o is , la moelle, l’écorce, la couleur
même étaient assez bien conservées p o u r q u ’on p û t
reconnaître l’espèce d ’a rbre à laquelle elles appartenaient.
Le poli de ces pétrifications est très-be au, aussi les tra-
vai!le-t-on pour faire une foule de petits objets de p a ru
re , tels que colliers, bracelets, boutons, etc.
Très-près de Trévil-Carré on ren co n tra les premières
montagnes d o n t la chaîne b o rn e les plaines de Coromandel.
Ces montagnes sont granitiques.
A une centaine de p a s , en face de la pagode, une
grande tente dressée sous l ’ombrage de grands tamariniers
réu n it to u t le monde à l ’heure du déjeuner. M. Buirette
avait eu le soin d ’expédier la veille, en avant de la
c a rav an e , nn chariot chargé de provisions; l ’appétit
de ses hôtes aiguisé par le voyage ou plutôt p a r les
promenades du m a tin , justifia parfaitement cette p ré caution.
ilf
U n e b a v a d è r o .
Vers la fin du repas survint une bayadère conduite par
un des brabmes de la pagode et suivie de l ’orcbestre
oblige. Elle venait d o n n e r aux étrangers un spectacle qui
devait être nouveau p o u r eux. Le brabme s’avançant le
premier distribua aux assistants des guirlandes de ja smin
, et d o n n a ensuite le signal de la représentation.
La musique n ’était ni bien douce ni bien h a rm o nieuse.
Il n ’est pas nécessaire de l’avoir en tendue p o u r
se figurer l’effet que peuvent p ro d u ire un tam b o u r, une
trom p e tte , des cymbales e t une cbanteiise à la voix
aig re , b a tta n t, so n n a n t, grinçant et glapissant à (jui
mieux mieux.
Mais ce n ’était p oint la m u siq u e , c ’était la danse qui
pouvait intéresser nos voyageurs ; je n ’ai jias dit la d a n seuse!
elle était laide et sa taille déformée p a r un état de
grossesse fort appa rent. P ourtant aucune des ressources
q u ’invente la coquetterie ne fut p a r elle négligée. Le fin
corsage en mousseline couvrant son sein sans le cacher,
le pagne élégamment drapé autour de son corps,
l’écharpe aérienne v o ltig e a n t, comme un léger n u a g e ,
au-dessus de sa tête ornée d ’un chaperon d ’or, les pie rreries
semées sur toute sa jiersonne en forme de colliers,
de b ra c e le ts, de boucles d ’oreilles, d ’anneaux e t, plus
que to u t cela, les poses voluptueuses de la danseuse et
ses regards lascifs témoignaient du moins de son désir