« Nous voici dans uu lieu de sépulture chinoise II a
été placé to u t près de la p a g o d e , sous la sauvegarde des
dieux. Ainsi p a rto u t la m o rt s ’abrite à l’ombre des au tels.
Notre guide me fait rema rque r en passant que tous
les tombeaux sont orientés au m id i; nous avions déjà
vu les Cbmois ad o re r le soleil et se to u rn e r vers le co u chant
au moment où il disparaît sous l ’horizon. Est-il
réservé aux morts de le regarder en face, q u an d il brille
de tous ses feux au milieu de sa course? Le lieu où nous
marchons est en grande vénération parmi le peuple.
Malheur à l ’étranger qui je tte ra it une pierre sur ces
tom b e s , ou se perm e ttrait un geste de mépris en les re g
ardant! il serait bientôt la p id é , d ép o u illé , emprisonné,
et ne recouvrerait sa liberté q u ’à force de piastres ; seule,
mais heureusement infaillible ressource p o u r se tirer
d ’un mauvais pas en Cbine. »
L e c h o p .
Toutes les marchandises vendues à des étrangers sont
1 objet d un dro it perçu en faveur des mandarins. Ce
droit est de tren te ou q u aran te p o u r cent. Afin d ’en
assurer le reco u v rem en t, rien n e p eu t so rtir de Canton
sans nn chop ou permis, délivré après vérification p ré a lable
des objets enlevés. Tout ce que M. Vaillant et ses
officiers avaient acheté devait ainsi passer à la visite
Cette formalité fut remplie sans difficulté; mais il n ’eu
lut pas ainsi de la délivrance du cboj). Cette jiièce indispensable
avait été promise p o u r le 13, et M. Vaillant
avait fixé au 14 son re to u r à Macao.
Le 13 se p assa, et le chop ne p a ru t point. On l ’atten d
it encore vainement p en d an t toute la journée suivante;
ce ne fut que le soir, q u ’arriva à la fac to re rie , non pas
le chop, mais l’avis que la permission de p a rtir p a r les
canaux de l’inté rieur ne serait pas accordée ; a tte n d u ,
d is a it-o n , que p a rm i les effets déjà embarqués, les F ran çais
en avaient glissé qui n ’étaient p oint cboppés. Celte
observation s’appliquait à une malle d ’effets d ’habillemen
t ap p a rten an t à M. Vaillant. M. Gernaë rt p u t lieu-
reusemeut débrouiller ce malentendu. On expédia la
malle p a r la voie du fleuve, sous la garde d ’un matelot
qui avait accompagné le com mandant, e t la permission
attendue fut de nouveau promise p o u r le lendemain
matin.
L a p a g o d e d e H o n g -C lio u .
Cependant la jo u rn é e n ’avait pas été perdue. Dans la
p romenade faite la veille sur la rive droite du Tigre,
nos voyageurs avaient seulement entrevu la grande p a gode
de H ong-C hou, sans tro p oser s’en approcher.
M. Gernaë rt voulut leur p ro cu re r le plaisir de la visiter
en détail. Il savait le moyen de mener à bonne fin cette
entreprise difficile.
Dès le m a tin , il p a rtit en compagnie de ses hôtes,
suivi d ’un seul domestique chinois, qui devait lui servir
d ’in te rp rè te , et semer les gourdes sur son passage. Les