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D iam o n d H a rh o iir.
« Lec anol touchait à peine la rive, dit l ’un de ces officiers,
cjue nous nous vîmes entourés d ’une foule d ’indiens
et d ’Indiennes, empressés de nous recevoir e t cherchant
par mille avances à nous a ttirer chez eux. Les femmes
surtout, coquettement drapées dans leur pièce de m ousseline
et relevant la piquante originalité de leur costume
p ar une démarche pleine de grâc e, faisaient près de
nous assaut de prévenances et d ’amabilité.
(( J ’avais lu dans toutes les relations que la population
indienne affecte envers les étrangers une grande
réserve ; q u ’elle se croirait souillée p a r leur contact ; que
surtout elle ue leur permet p o in t l’accès de ses demeures.
Que voulait donc dire ce que je voyais? Je le sus plus
ta rd ; mais en ce moment je l’ignorais. Ces hommes sl
empressés, ces femmes si gracieusement affables étaient
de pauvres parias ! Rejetés de toutes les c a s te s , ils n ’ont
ni les privilèges ni les obligations que l’antique organisation
des sectateurs de Brahma attribue à leurs compatriotes
plus considérés. Méprisés dans leur p ay s, ils
n ’en sont que plus portés à se ren d re agréables à l’é tra n ger,
qui ferme les yeux sur la bassesse de leur c o n d itio n ,
p o u r ne voir eu eux que les qualités do n t ils so n t souvent
pourvus , nonobstant les vices in h é ren ts à leur état
d ’abjection.
cc Je vis l’intérieur d ’une des cases du village ; j ’y fumai
le bouoa; j ’y bus une tasse de la it, et je trouvai un certain
plaisir daus le contraste de cette simple hospitalité
du pauvre Indien avec les idées d ’opulence que réveille
le seul nom de l ’Inde : pays des diamants et de l’or, que
nous voyons de loin tout peuplé d ’Anglais millionnaires
et de fastueux nababs.
(f Le contraste était frappant en effet, car, dans la modeste
cabane où j ’étais accueilli, je ne vis p o u r toute
richesse q u ’uue natte étendue sous mes pieds, l ’escabeau
sur lequel on me fit asseoir, un réchaud p o u r cuire le
riz et quelques houcas appendus le long des m u rs; mais
entre ces murs de te rre , sous le to it de bamlious et d ’a rgile
q u ’ils su p p o rte n t, de gracieux et riants visages
disaient au voyageur : soyez le bienvenu.
« Lne maison indienne neuve et toute meublée coûte
1 2 roupies!
« La c am p a g n e , aux environs de Diamond Harbour,
est un pays plat couvert de rizières, d o n t l ’uniforme
monotonie n ’est inte rrompue que p ar quelques villages
auprès desquels se groupent des touffes de palmiers et
de cocotiers. Ces villages sont peuplés d ’indiens cultivateurs
, rangés p a r le code civil et religieux des Hindous
dans la troisième des quatre castes privilégiées. L’é tran ger
n ’a rien ;i atten d re d ’eux. Non-seulement il n ’est
p o in t admis dans leurs maisons , mais il ne peut même
p én é tre r dans l ’inté rieur du village sans devenir un
objet de suspicion.
« C’était à Diamond Harbour, dans le ja rd in dépeuf
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