(Jeslinaiion ; mais depuis ce moment la grosse mer, les
grains et les brises violentes devinrent ses compagnons
de voyage.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, la Bon/te passa à vingt-
((uatre milles dans le sud de Rodrigue, .sans que cette
île p û t être aperçue.
On distingua les sommets de ITle de France dans la
soirée du 9 ; et les hautes montagnes de B o u rb o n . le 10
dans la matinée. Mais quelques grains du S. O. au N. O .,
et les calmes survenus ensuite ne permirent pas d ’a tteindre
le même jo u r le mouillage de Saint-Denis ; ce fut
seulement le le n d em a in , 11 ju ille t, que la Bonite jeta
l’ancre sur cette rade.
Plusieurs navires du commerce s’y trouvaient réunis ;
la corvette l’Aube, seul bâtiment de guerre alors dans
ces parages, était sur la côte oppo.sée de l’île, dans la
rade de Saint-Paul.
A s p e c t d e l ’Île B o n r l to n .
Avant que la culture de la canne à sucre eût envahi
presque toutes les terres labourables de l ’île , Bourbon
n était q u ’un frais bouquet de verdure et de fleurs posé
[>ar la nature au sein de l’Océan, comme une charmante
oasis au milieu du désert. Aujourd’hui plus ric h e , mais
peut-être moins belle, cette colonie a p erdu en grande
partie sa pa ru re de girofliers, ses ricbes caféiries abritées
sous l’élégant feuillage du bois no ir, ses grands tamariniers
au délicieux ombrage; le tajiis verdoyant de ses
champs de riz, et cette immense variété d ’arbustes à
fleurs et d ’arbres fruitiers qui s ’y étaient donné rendez-
vous p o u r en faire le plus agréable séjour du monde.
Son littoral couvert presque entièrement p ar des
champs de c a n n e s, offre un aspect bien moins riant et
moins pittoresque. Les hautes cheminées des fabriques
de sucre s’élèvent seules de distance en distance pour
accidenter la teinte uniforme du paysage, et les arbres
conservés au to u r des habitations semblent n ’y être restés
que p o u r faiie regretter au voyageur ceux q u ’on a
détruits.
Cependant, lorsque arrivant sur la pointe orientale de
l’île , on longe depuis Sainte-Rose ju sq u ’à Saint-Denis la
côte de la partie du v e n t, il est permis d ’admirer encore
la plus belle de nos colonies. Ceux des voyageurs de
ia Bonite qui n ’avaient pas ju sq u ’alors abordé ses rivages
furent d ’ab o rd frappés du riche panorama qui se
déroula it devant eux.
Aux belles forêts du tacamaca et du bois b lanc, qui forment
la ceinture du volcan et enc adrent le pays brûlé in cessamment
couvert de nouvelles couches de laves, Sainte-
Rose opposait d ’ab o rd ses riches cultures. Bientôt après
la rivière de l’est ouvrait son imposant b a s sin , au fond
duquel Fart a placé un po n t de l ’effet le plus p ittoresque ;
venaient ensuite les campagnes du joli q uartier de Saint-
Benoît plus respectées (jue les autres p a r les propagateurs
de la c a n n e , et où se trouvaient encore plusieurs
B o n i t e . — Relation du voyage. T o m e I I I . 2 9