poiT à la corvette. Le commandant d onna la route au
N. E. p o u r s’éloigner de la còte, afin d ’éviter l’eflét d e là
houle qui eût pu le rejeter vers la plage de la Possession,
dans le cas où le calme serait survenu. Mais il laissa
ensuite arriver peu à peu, et quand, vers m inuit, il se cru t
assez éloigné pour co n to u rn e r sans risques la pointe
sej)tentrionale de l’î le , il modifia la direction suivie ju sque
là et mit le cap au S. O. \ O. Lorsque le jo u r p a r u t ,
l’île Bourbon s’apei'cevait au loin dans l’Est, e t la
Bonite sous toutes voiles poursuivail tranquillement la
voie que frayent les navires p o u r aller doubler le caj) de
Bonne-Espérance.
Les cu rie u x d é sa p p o in té s .
Les regrets que le voyageur emporte d ’un p ay s , au
moment de son départ, sont naturellement p ro p o rtio n nés
aux jouissances q u ’il y a goûtées. En jugeant d ’après
cette règle ceux que pouvaient ressentir les officiers de
la. Bonite, on ne doit pas supposer q u ’ils fussent bien
vifs. Aucun d ’eux en effet, à l’exception de M. Vaillant
el de M. Gaudichaud, n ’avait rien vu de la colonie, ni
entre tenu aucune relation avec ses habitants. Avant d ’y
arriver, plusieurs se berceaient de mille espérances. Us
savaient p ar d ’autres combien est douce et affable l ’iios-
jiitalité des créoles; le souvenir des fêtes qui avaient
marqué précédemment le passage de TArte'mise leur
présentait en perspective ces plaisirs d o n t la jeunesse est
toujours avide el qui o n t bien jilus de prix encore aux
yeux du marin privé si longtemps des charmes de la société.
Les amis du pittoresque se p rom ettaien t des sensations
non moins agréables des excursions q u ’ils projetaient
dans les contrées les plus inaccessibles de l’île.
Rien de to u t cela ne devait se réaliser.
M. Vaillant, à la fin d ’une campagne si lon g u e , n ’avait
ni le loisir, ni les moyens d ’organiser des fêtes à bord
de la Bonite. Pressé d ’arriver en F ran ce , il devait songer
avant to u t à ménager le tem p s , et éviter to u t ce qui eût
été p ro p re à entra îner des retards. Peut-être n ’était-il pas
fâché d ’ô te r p a r là à ses compagnons de voyage to u t
prétexte à d ’inutiles plaintes sur la brièveté de la re lâ c b e ,
e t de leur laisser to u t entière la joie que devait leur causer
la pensée d ’un prochain re to u r en France.
Toujours est-il que le séjour de la Bonite à Saint-Denis
ne fut marqué que p a r les travaux exécutés sur ce p oint
comme dans les autres stations. Les officiers occupés,
cbacun de son c ô té , n ’eu ren t p o u r se distraire, p en d an t
leurs moments de loisir, d ’autres ressources que la p ro menade
aux environs de Saint-Denis. Ils ne lu ren t p r é sentés
nulle p a r t, et le gouverneur, en tra n t sans doute
à cet égard dans les vues du c om m a n d a n t, ne leur
d onna pas même l’occasion de voir la brillante société
de l’île , réunie dans les salons du gouvernement. Aussi,
le lendemain du d é p a rt, quand nos voyageurs montant
sur le p o n t, au lever du soleil, je tè ren t un dernier coup
d ’oeil sur l’île qui paraissait encore à l’h o riz o n , et se