Notes su r les T ig iim c s , les Ig o ro te s et les (iu in a n e s .
Bien que ces tribus n ’aient rien de commun avec les
peuplades sauvages observées p ar M. de La Gironnière,
dans l’excnrsion d o n t je viens de d o n n e r le récit, leur
])ortrait ne saurait être mieux placé q u ’en regard de
celui des Aejetas. C’est encore à M. de La Gironnière que
j’en emjirnnlerai les principaux traits.
Les T ig ia n e s .
Les Tigianes b ab iten t les montagnes du n o rd de Luçon.
11 ne faut pas les confondre avec les Igorotes, q u ’on trouve
aussi dans les contrées septentrionales de l’île , e t qui
ne leur ressemblent n i p a r leur constitution physique,
ni p a r leurs moeurs et leurs usages.
Les Igorotes so n t petits e t mal faits ; ils o n t une grosse
t é t e , la poitrine trè s-la rg e , les extrémités p e tite s , les
cheveux longs, le te in t trè s-fo rtem en t cuivré, les yeux
petits e t bridés.
Les Guinanes, to u t à fait relégués dans l ’in té rieu r des
montagnes, ne sont pas du to u t connus : on les suppose
ap p a rten ir à la même race que les Tigianes, d o n t ils se
rap p ro ch en t p a r leurs traits.
Les Tigianes se disent descendants d ’une g rande n ation,
d o n t ils se seraient détachés p o u r venir conqué rir le pays
((u’ils babitent.
L’opinion générale à Manille est q u ’ils p ro v ien n e n t des
restes de l’armée du général japonais Sioco qui, en 1574,
s’é tan t rendu maître du bourg de Lingayan, chef-lieu d e là
province de Pangasinan, en fut chassé p ar les Espagnols
et refoulé avec sa tro u p e vers les contrées où l’on voit
an jo u rd ’bui les Tigianes. Cette opinion ne p ara ît pas
fondée, car l’armée de Sioco était entièrem ent composée
de Cbinois et, s’il fallait ch e rch er les traces de ceux-ci,
ce serait p lu tô t parmi les Igorotes, d o n t les traits o n t, en
effet, beaucoup d ’analogie avec ceux des Chinois qui
b a b ite n t les provinces voisines de Tonkin.
Il est beaucoup plus probable de supposer que les
Tigianes descendent de Japonais établis aux Philippines
à une époque bien antérieure. 11 p a ra ît, en effet, que
longtemps avant la conquête de ces îles p a r les Espagnols,
les Japonais y avaient fait plusieurs excursions, e t c’est
ce qui explique les p rétentions de l ’empereur du Japon
q u an d il demandait que les Espagnols reconnussent sa
souveraineté. On tro u v e, du reste, parmi les Tigianes,
certaines coutumes qui semblaient confirmer cette supposition,
à cause de l ’analogie q u ’elles o n t avec celles
des Japonais.
.Te dois d ire toutefois que, si en effet ils descendent
d ’une natio n civilisée, ils o n t conservé bien peu de chose
de leur civili.sation primitive et q u ’il est difficile d ’en
trouver les traces au m ilieu de la b arba rie de leurs moeurs
actuelles.
Sans me (u’éoccuper davantage de l’origine de ces