« Ce lut la clôture. Chacun partit un moment après,
el je me re tira i, emportant comme souvenir de cette
curieuse séance, un violent mal de tête, que l ’odeur des
mets chinois avait contribué à me d onner to u t autant
peut-être que celle des parfums s’exhalant des cassolettes
([ni brûlaient dans tous les coins de l ’appartement. Nous
avions tous besoin du grand air p o u r nous remettre.
« En som m e , la cuisine cbinoise ne vaut pas g ran d ’-
chose. Tous les plats fortement épicés ont à peu près le
même goût. Ils emportent la bouche et sentent le graillon.
Mais nous n ’en étions pas moins très-satisfaits de
n otre partie. Nous ne l ’aurions point échangée contre le
plus fin dîne r de la cuisine européenne.
(( Notre ampbitryon de son côté, content de lui, conten
t de nous, jouissait de l ’effet p roduit p a r sa magnificence.
Il avait, p o u r nous recevoir, revêtu son grand costume
de cérémonie , étalé to u t son luxe c h in o is , excité
notre adm iration! En f a u t-il d av an tag e , même cbez
nous, p o u r ren d re heureux un maître de bonne maison ? »
L e c lu b (le l ’U n io n .
Il y a à Canton nn club o u , si l’on v e u t, un cercle
appelé la société de l’Union composé de vingt-quatre
membres et auquel appa rtiennent seulement les principaux
négociants. Cette société, do n t les consuls font
p artie, se réu n it tous les jeudis dans un grand dîner.
Elle ne jiaraîl avoir d ’autre b u t <pie le plaisir, et ce b u t
en vaut bien un au tre ; car le plaisir est ce qui manque
le plus aux étrangers retenus à Canton p a r des intérêts
de commerce. Seuls, entièrement privés de la société des
dames et des joies de la famille, ils mo u rra ien t d ’ennui,
si les affaires n ’occupaient activement leurs loisirs et si,
d ’ailleurs, ils ne passaient à Macao, où d em eurent leurs
femmes et leurs en fa n ts , une b o n n e partie de l ’année.
Un voyageur de quelque distinction ne saurait se
présenter à Canton sans que la société de l’Union lui fasse
la politesse de l ’inviter. M. Vaillant et ses compagnons de
voyage ne pouvaient m anquer de recevoir cet b o n n eu r,
auquel du reste n ’est plus admis celui qui, sans ap p a rten
ir au c lu b , compte plus d ’un mois de séjour dans le
pays.
Ce fut p o u r le com mandant une occasion de rendre
visite aux principaux négociants an nom desquels l’invitation
était faite et q u i , p en d an t son séjour, se montrè
re n t constamment p o u r lui pleins d ’égards et de
considération. Je dois aux sentiments de gratitude q u ’il
conserve p o u r eux de citer ici les noms de MM. Anderson
Dent, Fox, Hamilton, Lindzay, T u rn e r, Inglis, Stinger,
D u ra n d , Lyon , T em p le , L ay to n , Clarck , Jardine et
Rives.
Le lieu où la société de l’Union tien t ses séances gastronomique
s, est l’ancienne salle à manger de la factorerie
de la compagnie des Indes. C’est une salle vraiment
royale. Ses vastes dimensions, la richesse des tentures
qui la d é c o r e n t, la beauté des cheminées qui régnent à
B o n ite . — R e la tio n d u vo y a g e . T om e ï i i . 13