la ville. Iiifonnées (jue le commandant et les officiers
d ’un bâtiment de guerre français mouillé à Macao, ven
aient de débarquer à la factorerie bollandaise, elles s’em-
jiressèrent de leur faire intimer l’o rd re de rejrartir. Mais
on se sauve de tels ordres p ar Xincognito, car ce n ’est
p oint aux é tra n g e rs , c ’est à leur caractère officiel q u ’ils
s’adressent. La seule précaution à p ren d re était de ne
pas se montre r de jo u r en uniforme. D’ailleurs, M. Vaillan
t avait demandé l’autorisation de re to u rn e r à Macao
Jiar la voie de l ’in té rieu r, et comme il apprit cbez
M. Inglis que cette autorisation ne p o u rra it lui être
exjiédiée avant six jo u rs, il en résultait implicitement
un permis de séjour p en d an t to u t cet intervalle.
Ce délai fut mis à profit p ar nos voyageurs p o u r voir
to u t ce q u ’offre de curieux la partie de Canton accessible
aux étrangers.
L e fa u b o u rg d e C a n to n vu e n c o u r a n t.
Devant les factoreries et les maisons de construction
européenne ap p a rten an t aux négociants établis sur ce
point, s’étend une vaste esplanade qui longe la rivière ;
c ’est, à p roprement p arle r, le seul en d ro it où soit tolère
to u t ce qui n ’est point cbinois. Tout le monde sait que
les étrangers ne peuvent p én é trer dans la véritable cité
de Canton. Mais dans le faubourg même, à l ’extrémité
duquel se trouvent les factoreries, il n ’est pas toujours
pru d en t de visiter les rues habitées par la pojinlation
d e l a b o n i t e . ^ 8 3
cbinoise. Une figure européenne y est vue de mauvais oeil
e t il est bon de ne s’y m o n tre r que bien accompagne.
C’est p o u rtan t l’inté rieur du faubourg qui pique le
plus la curiosité du voyageur, p arc e que c’est là, faute de
mieux, q u ’il peut p ren d re une idée plus ou moins exacte
de la physionomie d ’une ville cbinoise. On y arrive p a r
plusieurs rues fort étroites qui aboutissent sur l’esplanade
des factoreries et qui sont coupées p a r d ’autres
rues to u t aussi resserrées. Pour les ré tré c ir encore d avantage,
cbaque b o utique p o rte en saillie une planche
verticale qui lui sert d ’enseigne et sur laquelle est indiquée
en caractères chinois l ’espèce de marchandises qui
se vend dans l ’inté rieur. Quelques-unes de ces enseignes,
qui ne rappellent pas mal p a r leur disposition les coulisses
d ’un th é â tr e , présentent aussi des inscriptions en
langue anglaise que presque tous les marchands parlent
plus ou moins bien.
On ne saurait se faire une idée de la quantité de ricbes
produits que contiennent ces petites boutique s, de l’o rdre
et de l ’habileté avec lesquels chaque chose y est disposée,
de manière à être aperçue du premier coup d ’oeil,
dans le jo u r le plus favorable. Tout y p a ra ît si frais et si
joli, qu’on a envie de to u t ce q u ’on voit. 11 n ’y a q u ’un
inconvénient p o u r l’amateur de ces chefs-d’oeuvre de
l’industrie chinoise, c’est le prix excessif q u ’on est obligé
de les payer. On croirait devoir les trouver à Canton à
bien meilleur marcbé qu’à Manille ou à Macao : c’est le
contraire qui est vrai.