3(i VOYAGE
traîner à la cor(l('lle les haleanx (|ni remontent le coii-
raiit. Ce moyen est d ’autant plus employé, (¡ne la rapidité
de la rivière ne permet de monter que très-lentement
à l’aviron.
La jetée du nord p o rte , ;i sou extrémité du côté de la
rade, un l'anal destiné à maripier l’entrée du Oeuve. Sur
celle du sud est un fort armé de cinq pièces de c a n o n ,
<[iii défend les approclies. Un autre fort, beaucoup pins
considéi able, est assis an point où finit la même jetée,
du côté de la ville.
A me.snre (pi on remonte le lleiive on découvre, à tra vers
les mâts des bâtiments, l’iiôlel de ia Douane, vaste
édilice élevé sur la rive gaucbe, et le pont (pii relie Manille
et Bidondo. Avant d ’y a rriv e r, le Passig se divise
en deux lirancbes, dont l’une traverse le faubourg.
C’est dans la rivière même (pi’on va |)rendre l’eau
pour rap[)rovisionnement des navires. Il faut remonter
un peu h au t p o u r la trouver douce ; ce cpii rend ]’o])é-
ralion longue et pénible. Aussi a-L-on généralement
recours à des bateliers du pays pour la faire venir â bord.
On nomme cascos les bateaux qui servent à cet usage;
iis peuvent p o rte r (piinze tonneaux d ’eau a cbaque
voyage. 11 en coûte par voyage cinq ou six piastres ;
mais il faut exiger (pi’ils aillent puiser l’eau au-dessus
de l’emboucliure de la petite rivière Maibonga, un des
al'fluents du Passig. Pour s’assurer q u ’ils remplissent
cette condition, il n ’est pas inutile de les faire surveiller,
ce fut à quoi M. Vaillant ne manqua pas.
Les rues de Manille sont larges et bien percées. Ses
édifices n ’ont rien de remartpiable. Son aspect est triste,
ou du moins sévère.
Nos voyageurs eurent («pendant occasion de voir la
ville un jo u r de fête, c’est-à-dire dans un moment où
elle doit sembler plus animée (pie de coutume. On célébrait
la Conception.
La fête de la C o n c ep tio n
Dès la veille au soir, on y avait préludé p a r une p ro cession
aux flambeaux. La calbédrale et les édifices
publics étaient illuminés, et, sur la grande place, le palais
du capitaine général se faisait rema rque r p a r l’éclat
de ses lumières, (jui encadraient un p o rtra it de la reine
Cbristine arb o ré au-dessus de la grande jiorte d ’entrée
ornée de draperies en velours rouge. L’hôpital qui fait
face au palais était décoré de la même manière.
Au milieu de cet appareil de féte, la ville conservait sa
tristesse ordinaire. La grande place, à peu près déserte,
était traversée de temps en temps p ar (juelques rares
voitures, cpii passaient sans s’a rrê te r, et, saui les p e rsonnes
(pii suivaient la procession, on ne rencontra it pas
un être vivant dans les vastes rues de la cité.
Ce fut autre chose le len d ema in , jo u r de la fête.
Dès le matin, les canons du fort an n o n c è ren t la solennité
par nue salve de vingt et un coups de canon (pii se
répéta il midi et sur la fin du jo u r. Ajirès les offices, cé