liO VOYAGE
représentées ici par une passe, praticalùe seulement
aux jielils navires. Le lort, situé sur la h au teu r, à droite
de Macao, rappelle d ’ailleurs très-bien le fort Napoléon.
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C’était dans la soirée du 31 décembre que la Bonite
était arrivée sur la rade de Macao. Le lendemain, jire-
mier jo u r de l’année 1837, à l ’heure oi'i tons les b â timents
arb o ren t leurs couleurs, la corvette, parée des couleurs
nationales et p o rtan t an mât de misaine le pavillon
du Portugal, salua la ville de vingt et un coiq)S de canon,
que b ientôt rép é tè ren t les batteries portugaises.
Cet échange de politesses officielles entre deux nations
européennes, à la p orte même de l’empire chinois, emp
ru n ta it de la solennité du jo u r un degré d ’in té rê t de
plus. On eût d it la corvette française arrivée tout exprès
pour complimenter, an nom de l’Europe entière, les
gardiens du seul asile que la politique ombrageuse du
Céleste-Empire ait voulu pi’êter à la civilisation des peu ples
de l’Occident. Asile bien préc aire! q u ’illustra l’exil
d u Camoëns, que les Portugais o b tin ren t, au prix d ’émi-
nents services oubliés au jo u rd ’hui, et q u ’ils o n t si bien
laissé envahir p a r les Cbinois, qu’ils n ’y sont déjà pins
cbez eux.
in té r ê t q u e d ev a it o ffrir la re lâ c h e d e h t B o n ite à M a c ao .
I..a relâche de la Bonite avait du reste un but plus
sérieux et plus jiositif. Judépcndamment de rin lé rè t que
devaient offrir, au p oint de vue de sa mission scientifique,
les observations à exécuter sur ce point, plusieurs
circonstances motivaient la venue d ’un bâtiment de la
marine royale de France dans la rivière de Canton.
On connaît les incidents qui avaient troublé récemment
la bonne harmonie entre les Anglais et le gouvernement
cbinois. On sait aussi comment ce d iffé rend,qui
touchait de si près aux intérêts commerciaux de l’Angleterre,
s’est terminé depuis p a r la guerre à l ’avantage de
notre rivale. A l’époque du voyage de la Bonite, to u t
était encore en question. Il y avait donc une importance
réelle à étudier la situation faite au commerce européen
dans les ports de Macao, Lintin et Canton, p a r ce litige
d o n t la solution ne pouvait être prévue.
A Macao même se trouvaient d ’ailleurs jilusieurs jirô-
tres ap p a rten an t aux missions de France, inquiétés parles
autorités locales au sujet de certain d ro it de patronage
q u ’exigeait le gouvernement de Lisbonne e t auquel
ils ne pouvaient pas se soumettre. M. Vaillant d evait
intervenir en leur faveur et tâ che r d ’obtenir jilus de
tolérance à leur ég a rd , en s’ajijiiiyant sur l ’i u té rê t de l ’oeuvre
à laquelle ces missionnaires se dévouent, aussi bien
que sur les liens d ’amitié existant heureusement entre le
Portugal et la France.
Enfin le commandant de la Bonite était chargé d ’a border
aussi, jiendant le séjour de sa corvette à Blacao, une
affaire pendante entre le consul de b’rance et le gouvernement
chinois. îl s’agissait d’iine indemnité consentie