assujettit à deux troues d ’arl)ies une pièce de liois j)osèe
liorizontaleinent e t, appuyant de tout son poids son
ventre sur cette trav e rs e , elle a tten d le moment de
sa délivrance. Dès que l’enfant a vu le jo u r , elle le
prend et court se plonger avec lui dans la rivière. Cela
fait, elle reto u rn e an milieu des siens et leur présente le
nouveau-né.
« 11 s’agit alors de d o n n e r un nom au petit Aejeta.
C’est ordinairement celui de la montagne où il est venu
au monde. Mais s i, p a r av en tu re , un Tagal se trouve
p ré se n t, on le prie de nommer lui-mème l’enfant. Far
suite de ce d ern ie r u s a g e , il n ’est pas rare de trouver
chez ces idolâtres des individus qui p o rten t les noms de
nos saints.
!( Les Aejetas en te rre n t leurs morts. Quand un d ’entre
eux a ren d u le dern ie r soupir, on le couche to u t de son
long dans une fosse, on le couvre de te rre, on place sur
sa tombe sa la n c e , son arc et ses flèches, et l’on plante
un p etit pieu du côté où repose la téte. A ce pieu sont
ensuite attachées quelques feuilles de tabac et de bétel,
q u ’il faut renouveler tous les jo u rs. Si la te rre renferme
le corps d ’une personne ma rquante dans la tr ib u , elle
est recouverte d ’un petit toit. Chaque matin on vient
aplanir la te rre du tombeau ; cette cérémonie se prolonge
pendant to u t le temps que la tribu demeure campée dans
le même lien. Quand le défaut de vivres les fait émigrer
ailleurs, le tombeau est abandonné et personne ne ¡)ense
pins à celui d o n t le cor|)s y repose.
« ,lusque-là, rien de bien extraordinaire dans ces coutumes
des Aejetas ; mais voici qui caractérise mieux la
ba rb a rie de ce peuple.
(( Us n ’attendent pas toujours la m o rt p o u r classer un
individu parmi les trépassés. Qu’un d ’eux reçoive une
blessure réputée m o rte lle , ou q u ’il soit attein t d une
maladie d o n t on suppose q u ’il do it m o u rir, on se met
aussitôt en devoir de l ’en te rre r. Seulement, au lieu de le
coucher dans sa tombe, on l’y place assis, les mains
croisées sur la po itrin e ; après quoi on le couvre de terre.
Souvent la moindre blessure faite p a r une flèche empoisonnée
suffît p o u r q u ’un pauvre malheureux soit
ainsi sacrifié.
K L’Aejeta qui a perd u un proche p a re n t se croit obligé
de venger sa m o rt p a r le sacrifice du premier être vivant
q u ’il rencontre . Il s’enfonce alors dans la forêt pour
che rcher la victime à immoler; mais afin d ’éviter que
cette victime soit un de ses semblables, il a soin de marqu
er le lieu p a r où il passe, en b risan t dans sa route les
jeunes pousses des arbustes et en inclinant les branches
cassées du côté co rresp o n d an t à la direction q u ’il suit.
Ceux qui viendra ient à passer après lui sont ainsi
avertis de s’éloigner. Mais malheur au blanc ou au métis
qui se trouve alors sur leur ch em in ; il n ’a p o in t de pitié
à atten d re, sa té te coupée est p o rtée en triomphe dans
leur campement ; et, placée sur le sol, elle devient p e n d
an t plusieurs jo u rs un p oint de mire sur lequel ils
s’exercent à tire r de l’arc.