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lébrés en grande pompe el fort suivis p a r la population
religieuse de Manille, toute la ville s ’éclaira de nom b reu ses
illuminations.
La grande place resplendissait comme la veille ; mais
elle n était plus deserte. Les abords étaient encombrés
de voitures; car l ’b ab itan t un peu aisé dédaigne de so rtir
a pied. 11 fiiit en voiture ses courses du matin, e t c ’est
encoi e en voiture q u ’il va le soir avec sa famille se p ro mener
sur la Calcada, longue cbaussée très-frécpientée
<pte b o rd e n t, d 'u n côté une double allée de grands
arbres, et de l ’au tre la mer.
Les dimancbes et les jo u rs de fête, on va sur la place
en ten d re la musiipie. Plusieurs centaines de v o ilu re s,
q u i, pendant la semaine, sillonnent la Calcada, se d o n n
en t ici rendez-vous ces jours-là et se rangent au to u r de
la place. Elles sont occupées p a r des dames en grande
toilette, p a r les autorités en grand uniforme et p a r de
simples bourgeois en veste blanche. Les cavaliers metten
t pied à te rre p o u r venir de p o rtiè re en portiè re faire
le u r co u r aux dames de leur connaissance.
L’ensemble de cette société moitié espagnole moitié
indienne a quelque chose de to u t à fait galant, mais de
cette galanterie castillane toujours un peu guindée.
Tel était le spectacle q u ’offrait la place le soir du joui'
de la Conception. Au milieu du cercle formé p a r les
voitures, plusieurs corps d ’instrumentistes, presque tous
In d ien s, attenda ient le signal du conc ert. 11 y avait la
musique de l’aiTillerie, celle des gardes du co rp s, et
plusieurs autres ap p a rten an t aux divers régiments de la
garnison. A huit h eure s, le co n c ert commença par des
airs du Barbier de Schnile. Les opéras de Rossini, la
Dame Blanclw de n o tre Boïeldieu, et quelques autres
chefs-d’oeuvre, fournirent les thèmes des morceaux successivement
exécutés. C’était un choix qui n e pouvait
(lu’être agréable à des oreilles françaises ; mais ce qui
ne l’était pas moins e t ce qui excita surtout la surprise
des officiers de la Bonite fut la perfection de l’exécution.
Les artistes lagals étaient d ’habiles musiciens , qu on ne
se serait pas attendu à ren c o n tre r dans un pays si éloigné
d ’E urope.
Les officiers d e la B o n ite d a n s la so c ié té d e Manille.
11 y a peu de Français à Manille. La seule maison de
commerce française est celle de M. V id i, avec qui
M. Vaillant et ses officiers se tro u v è ren t en relations
dès le premier jo u r de leur arrivée ; les autres compatrio
te s q u ’ils y v iren t étaient MM. Mallac et Labarraque,
médecins depuis longtemps fixés dans le pays. Mais ils
furent présentés dans plusieurs maisons espagnoles et
anglaises où ils reçu ren t le plus bienveillant accueil. 11
ne leur manqua que du temps p o u r rep o n d re aux invitations
qui leur étaient journellement adressées.
,I’ai dit déjà comment plusieurs des jeunes voyageurs
de la Bonite savaient contribuer au plaisir des réunions
aux(|uelles ils étaient admis. Leur exemple m’autorise à