s ’était é t a b l i e , d è s le pi'eiiiicr jour , en t r e les é tran g e r s
el le s (’( in e l io n n a i r e s c o e b in e b in o i s ,
Ik iu ita n t, axant de se retirer, le prétendu mandarin
de Fat-fou toucba une corde d élicate, do n t le son eût pu
troulilcr ce bel accord. Il n ’avait beureusement que des
signes p o u r exju’imer sa pensée, mais ils étaient assez
expressifs pour faire co n q u en d re q u ’il demaudait (juand
la corvette mettrait à la voile. M. Vaillant ne comprit
j>as. De nouveaux signes traduisirent plus clairement
encore la jiensée du maudariu ; mais son langage muet
était décidément inintelligible jiour le com mandant, qui
le regardait eu souriant de f a ir le jilus simjile. Le mandarin
désajipointé avait (juekjue peine à dissimuler tout
à fait soiidéjiit, el sa contra inte se trahissait d ’une façon
fort risible. Toute fois, il n ’y avait pas moyen de se
fâcher. On se quitta de part et tl’autre dans les meilleurs
termes.
V i s i t f :ui m tiiid a v iu d e gneiTC c o m m a n d a n t le.s f o r t s d e T o u r a n e .
Le lendemain M. Vaillant descendit â te rre jiour aller
faire une visite au vieux mandarin de guerre (jui commandait
les forts. L’entrevue devait avoir lieu dans la grande
maison oû il avait été reçu la première fois. A peine le
canot du commandant était-il en vue du point de déb
arquement , (ju’un palaïujuiu porté et escorté p a r une
troupe de soldats jiarut à petite d is tan c e , se dirigeant
vers le hangar officiel jiomjieusememt appelé maison
du roi.
Le commandant s’y rendit en mettant jiied à terre. Il
y trouva le vieux maudarin de guerre à (jui s’adressait sa
visite. Le mandarin de Tourane arriva un moment après.
Tandis q u e , selon la co u tum e , on servait des biscuits et
du tb é , les deux mandarins employèrent toute espèce de
signes p o u r dem ande r de nouveau quel jo u r lu Bonite
p artira it. Mais M. Vaillant, bien décidé à ne pas com-
jireiidre une (juestion si indiscrète , feignit de jirendie le
cbange sur ce qu’il voulait dire.
Alors le vieux maudariu de guerre, qui jirobablement
avait reçu to u t récemment des ordres de la co u r jiour
faire éloigner le bâtiment français , ne chercha ¡>as à
cacher son inquiétude. 11 se démenait comme nn bomme
désesjiéré, frapjiait sur ses cuisses, et ne savait jilus à
(juel saint se vouer.
Le mandarin de Faï-fou vint fort â jioint jioiir lui
jirêter secours. Celui-ci chercha â faire com prendre au
commandant cju’il ne devait pas prolonger son séjour à
Tourane. Évidemment il remjilissait une mission jirécise
d o n t le sens n ’était pas douteux. Sa pantomime n ’eut
p o u rtan t pas jilus de succès que la veille : M. Vaillant, to u jo
u rs so u ria n t, ne réjiondit que jiar des signes qui voulaient
dire : ,1e ne comprends pas. l.e le ttré , en vrai dijilo-
m a te , dissimula son dép it; mais le guerrier jilus franc
continua à exjirimer un tel chagrin , que le commandant
eut Jieine â se défendre de (juekjue émotion. Il les quitta
Jiour d o n n e r un conji d ’oeil au bazar et rejiril ensuite
son c a n o t, alin de re to u rn e r â bord de la corvette.