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Ces dames ne perdirent jiourlant pas celte occasion si
précieuse de prouver une lois de plus q u ’à l’oiidicliéry,
comme ailleurs, les Françaises savent animer une féte el
double r son prix par leurs grâces aimables et leur piquante
causerie.
M. Buirette Sainl-Hilaire, qui remplaçait momentanément
le gouverneur a b s e n t, n e manqua pas de la leur
offrir. Il connaissait en effet le goût des aimables créoles
; il savait aussi que rien ne jiouvait être plus agréable
a de jeunes officiers, après un aussi long voyage.
M. Buirette donna donc un bal.
Mais ce ne fut pas le seul. Les jeunes gens de la ville
voulant aussi fêter le passage de la Bonite, en organisèrent
un second. Ce fut le plus gai des deux, parce que
la connaissance était fa ite , et que chacun s’y trouvant
plus à son aise, craignait moins de se livrer aux joyeuses
saillies que la timidité comprime dans une première
rencontre .
J ’ai lu dans certain livre un p o rtra it assez peu flatté
des dames de Pondicbéry. L’auteur, s’il faut l ’en croire,
n ’y vit (jue des figures peu gracieuses, des tailles grosses
et carrées, des toilettes de numvais goût ; si bien , d it- il,
q u ’il nous fallut supposer que les Anglais, séduits p a r les
grétces des demoiselles française s, enlèvent Ae Pondicbéry
les plus belles f le u r s , pour les transplanter dans les établissements
voisins.
Les officiers de la Bonite, bons connaisseurs assurém
e n t, trouvèrent charmantes toutes ces fleurs des tropi-
(jiies. Toutes les figures leur paru ren t jolies, à peu d ’e x ceptions
près. Les toilettes étaient fraîches et de bon
goût; il est vrai q u ’elles venaient de Paris p a r un navire
arrivé quelques jo u rs avant le bal. Nos jeunes danseurs
admirèrent la grâce voluptueuse de leurs p a r tn e r s , et
la conversation de toutes ces d am es, leur sembla d ’au ta
n t plus a ttra y a n te , q u ’à beaucoup d ’esprit et d ’amabilité
, se mêlait une petite pointe de malice qui s’a tta quait
un peu à to u t le monde.
Mais quelque agréable que puisse être un b a l, M. Buirette
p e n s a it, avec ra is o n , que des voyageurs doivent
encore chercher au tre chose dans un pays q u ’ils visitent
p o u r la première fois. Il songea donc à leur p ro cu re r
les moyens de voir les monuments remarquables qui se
tro u v en t aux environs de Pondicbéry.
Ces monuments sont des pagodes. Les plus intéres-
.santes à visiter sont celles de Trévil-Carré et de Villenour.
L e s p a g o d e s d e P o n d i c h é r y .
Déjà les jeunes officiers de la Bonite avaient vu à P ondichéry
même les deux temples de même g en re , q n ’on
nomme pagodes de la main droite et de la main gaucbe,
ou au trem en t, la grande et la petite pagode. Or, je dois
le d ire , ce qui piqua le plus leur curiosité dans cette
occasion ne fut jias la beauté des monuments, q u ’on ne
leur m o n tra pas en détail ; mais bien la raison de cette
désignation de main droite et de main gauche, à laquelle