clans le lointain les liâtiinents à l’ancre devant la v ille ,
les l)ateanx couverts dans lesquels des familles entières
jcassent leur vie, les embarcations et les jonques de toute
espèce qui sillonnent la rade.
« Une de cesjoncjnes passa devant le lieu sacré p en d an t
que nous dessinions. Elle était armée de soixante avirons
, peinte de mille c o u le u rs , ornée de ricbes b an d eroles.
Les snJacots des rameurs placés uniformément
sur le point d ’attacbe de cbaque aviron fo rm a ie n t, de
cbaque b o rd , comme une rangée de boucliers. Une musique
infernale de tam-tams, de tambours et de clocbes
réglait les mouvements des rameurs. Quand la jo n q u e se
trouva en face de la p ag o d e , ce fut un tintama rre effroyable,
tandis q u ’une pluie de petits papiers enflammés
tombait dans l’eau to u t au to u r de l’embarcation en guise
de salut.
L ’h o ram e p ro p o s e e t D ie u d isp o se .
<( Notre com mandant ayant à peu près terminé les
affaires qui l’avaient retenu à Macao p en d an t les p re miers
jo u r s , songeait à p a rtir p o u r Canton. Je fus du
nombre de ceux à qui il voulut bien perme ttre de l’accompagner.
M. G e rn a e rt, p rê t à qu itter la Cbine p o u r
re to u rn e r en France , avait re ta rd é son départ de q u e lques
jo u rs en faveur de M. Vaillant. Les places furent
arrêtées p o u r le lendemain à b o rd de la goélette t Union,
feisant le service de paquebot en tre Canton et Macao.
« Cejcendant le temps se couvrait, le vent de nord-est
M
p renait de la force et la mer commençait à devenir mau-
vaise.
« Le 6 janvier, à six heures du m a lin , i Union sortit
du p o rt de Macao , ayant à b o rd tous ses passagers qui
avaient passé la nu it à te rre. Seul j ’attendais sur ia Bonite
le moment de m ’embarquer aussi. Quand la goélette
fut près de nous, elle mit en panne p o u r attendre le can
o t dans lequel le lieutenant se je ta avec moi. M. Piron-
neau d e v a it, selon la règle, rester à son poste p en d an t
l’absence du com m an d a n t; il ne venait a b o rd de la
goélette que p o u r saluer M. Vaillant et p ren d re ses
ordres.
« Dès q u ’il fut rep a rti, i' Union orienta ses voiles et commença
à tanguer sur les lames qui grossissaient de m o ment
en moment. A peine avait-elle gagné le large, que
le pilote, craignant de voir se briser sa mâture dans les
violents mouvements de tangage que la mer imprimait à
son frêle b ateau, parla de relâcher.
« Cette p roposition n ’é ta itd u goût de p ersonne, e tb ien
que le temps p a rû t en effet devenir trè s-m au v a is, nous
désirions tous q u ’il con tin u ât son cbemin. Un accident
survenu peu après décida la question contre nous. Le
pilote n ’en a tten d it pas davantage, et ren o n ç an t à lutter
plus longtemps co n tre le v en t et la mer, il laissa porter
dans le p o rt de Macao.
« U Union était un p etit bâtiment de trente-deux pieds
de long, très-convenablement aménagé p o u r la commo-
dilé des voyageurs. Malgré ses faibles dimensions, on y