sée, la brise passa au N. E. l.a corvelle s'élail relevée;
on cala les inàls de ¡)erru(|uel el l’on se prépara à re mettre
à la voile.
Témoin de l ’énergie de l’écpiipage, le pilote demanda
le premier à appareiller. Le lieu où le navire avait m ouillé
n ’était pas sùr, disait-il. Aussi, bien que la mer fût extrêmement
grosse et ren d ît d ’autant plus [lénible la manoeuvre
des a n c r e s , il insista p o u r qu’on ne différât pas
de profiter de la direction actuelle du vent.
.Aussitôt les hommes sont sur les barres du cabestan
et commeiicenl à virer, au pas de course , selon leur
h ab itu d e ; mais avant t[ue l’ancre eût quitté le fond, le
vent sauta brus(|uemeiU au S. E. II fallut de nouveau
filer la cbaiue et se résoudre à passer la nu it dans cet
endroit.
Un fait bien digne de rem a rq u e , c’est que pendant
l’effroyable tourmente que venait d ’essuyer la Bonile,
les baromètres et le synqiiésomètre lui-même n ’avaient
éprouvé aucune altération.
Disons aussi (pie les pertes éprouvées par le navire se
bornèrent (cbose é to n n a iite ), à celle de la drome du
canot major.
IM. Vaillant affirme cependant q u e , dans sa longue
carrière maritime, il n ’avait jamais vu une si violente
tempête.
La nu it suivante fut encore très-orageuse; la pluie,
le tonne rre et le veut ne cessèrent de se dècliaîiier jus-
(pi à cinq heures du matin.
L e p ilo te ([uitte lu B o n ite ({ui c o n tin u e sa ro u te .
Mais au lever dn soleil le ciel rep rit sa pureté accoutumée
et la Bonite appareilla. Eu ramenant à b o rd l’ancre
sur lacpielle reposait jusque-là le salul de la corve tte, on
r e c o n n u t, non sans émotion , q u ’elle n ’avait plus (pi’uiie
patte : l’autre était cassée. C’était la seule avarie considérable
q u ’on eût éprouvée depuis l’arrivée de l’expédition
dans l’Ougly ; ce ne devait pas être la dernière.
Favorisée p a r le c o u r a n t, la Bonite s’éloigna en louvoyant
tou jo u rs; b ie n tô t elle eut dépassé Reef-Buoy, el
le feu flottant extérieur. Le pilote ne devait pas Ip conduire
plus loin. En descendant dans le canot du brick
pilote de service, ce brave marin, encore tout ému des
scènes de la v e ille , fit ses adieux à nos voyageurs dans
les termes les plus expressifs, leur souhaitant un bon
voyage, et ne cessant de répé ter que ses longues années
de pratique ne lui avaient pas encore montré un navire
assailli, à la sortie de l ’Ougly, p ar de si graves obstacles
de la p a rt du temps et les surmontant avec un si rare
bo n h eu r.
Selon les conseils q u ’il avait donnés en p a r ta n t,
M. Vaillant fit serrer le vent tribord-amures, cinglant à
l’E. S. E ., pour s’éloigner avant la fin de la marée des
dangereux bancs de l’entrée de l’Ougly.
(( Je ne saurais exprimer, dit le commandant, le b o n heur
que j ’éprouvai en me retrouvant dans la mer