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La troupe expédiliomiaire coinjitait deux cents d ra g
ons, combattant également à j)ied et à c b e v a l, et buil
cents fantassins choisis parmi les troupes blanches et in digènes.
Chaque soldat devait avoir la tête couverte d ’un
casque et p o rte r u n e cuirasse en peau de buffle, à l’épreuve
de la flèche, de la lance et des pierres lancées à
la fronde, seules armes d o n t se servent les noirs.
Le commandement de l’expédition était confié à un
lieutenant-colonel eu ro p é en , militaire expérimenté et
bomme d ’action q u i, depuis dix ans q u ’il était dans la
colonie, n ’avait cessé de guerroyer contre les noirs. Cet
officier avait plusieurs fois pénétré dans leurs montagnes
; de sorte q u ’il connaissait parfaitement les difficultés
locales et la manière d ’en venir à bout. Il savait aussi
comment on pouvait com battre l ’ennemi avec succès.
Mais il comptait moins sur les forces mises à sa di.spo-
sition, que sur l’action des missionnaires d o n t sa troupe
devait être suivie.
Le rôle de ceux-ci était to u t tracé d ’avance : ils se
présenteraient aux sauvages comme ministres de paix et
de ch a rité , et tandis q u e ces peuplades seraient intimidées
p ar l ’appareil menaçant de la guerre, ils interposeraient
leur médiation et les protégeraient contre toute
violence, au prix d ’une soumission volontaire. Cepend
an t, afin de prévenir toute révolte ultérieure de la p a rt
des tril)us ainsi rangées sous l ’obéissance espagnole, tous
les villages des noirs seraient occupés militairement.
V'oilà p a r quels moyens le gouvernement des Pbilippines
conq)tait étoulTer ce foyer d ’indépendance qui, de
tout temps , a existé an milieu de Luçon et qui confine
même à la province d o n t Manille est le chef-lieu.
lysprit (le la p o p u la tio n indit-niie so um ise à r .iu to r itc e s itag u o le.
Ce n ’était pas q u ’il eût le moindre doute sur le bon
esprit de la population indigène et c|u’il red o u tâ t l’in-
iliience fâcheuse q u ’elle p o u rra it recevoir du contact des
noirs indépendants. L’antipathie en tre ceux-ci et les In diens
n’est pas moins vive q u ’en tre eux el les blancs.
D’ailleurs, la population indienne est parfaitement soumise,
douce, p atien te, façonnée au joug et très-facile à
gouverner. Elle est heureuse e t pai’aîl satisfaite de la
domination de l’Espagne.
Les habitants des possessions espagnoles des Philip-
¡)ines sont particulièrement subordonnés (d ’une façon
absolue) au pouvoir spirituel de leurs curés. Habitués
aux manières un peu hautaines de leurs m a ître s , ils ne
s’en m o n tren t point offensés; ils ne pensent q u ’à céléb
re r avec pompe les fêtes du culte catholique et â se livrer
à leur passion favorite p o u r les jeux de hasard et
les combats de coqs.
De telles dispositions sont assurément fort rassurantes.
Mais l’autorité espagnole n ’a p o in t négligé p o u r cela de
se donner toutes les autres garanties propres à maintenir
sa [)Liissance el â prévenir tonte velléité d ’émancipation.