crage de Touraiic. Cepeiidaol la place a latpielle s était
arrèlée la Bonite, près du rivage de lie u - lc h a , u avait
rien de coiniiiode j)Our ceux ([ue p ortait la corvette. La
grosse houle du large y d onnait en plein et pendant
toute la n u it, (jui d ’ailleurs fut b e lle ; ils ne cessèrent
d ’étre tourmentés p ar un roulis insupportable.
Aussi, dès (|ue le jo u r p a r u t, M. Vaillant s’empressa-t-il
d ’appareiller pour atteindre, en louvoyant, le mouillage
intérieur. Le temps était beau quoiijue néituleux; seulement
(juekjues grains paraissaient a l’horizon. A dix
beures la brise du S. O., c[ui soufflait depuis l ’a u ro re ,
tomba to u t à fait et le calme condamna de nouveau la
corvette à rester, ju sq u ’à une heure, entre la pointe N. O.
et la pointe O. de ïie n - tc b a , entourée de tous côtés
d ’une foule de bateaux du pays qui faisaient la pécbe an
chalut.
Enfin elle p u t doubler la pointe ouest de la p re sq u ’île.
Trois bâtiments de g u e rre , ancrés devant Tourane indiquaient
le mouillage aiujuel la Bonite touchait déjà. Elle
avançait vers l’embouchure de la rivière de Tourane sur
un fond de vase, avec quatre brasses et demie d ’eau sous
la cjuille.
Tout à coup, les sondeurs ne tro u v en t plus que quatre
brasses. On vire vent devant; mais avant que le mouvement
ait pu s’exécuter, la corvette entraînée p a r sa vitesse
acquise se trouva échouée dans la vase sur un fond de
trois brasses,
On masqua partout ; déjà même une ancre à jet allait
ê tre éloiigée p o u r bàler le nav ire , (juaud une i-afale survenue
fort à propos le fit culer et le dégagea.
Un moment ap rè s, la Bonite était mouillée fort com modément
et parfaitement ab rité e , à un mille de l’ai-
guade et à un demi mille d ’une petite île couronnée de
verdure, où nos observateurs devaient s’établir le lendemain.
De cette p o sitio n , on relevait la pointe ouest de
Tieu-tcba sur la même ligne (¡ue l’île Collao-lian.
P en s é c .s q u e r é v e i l le la p r e m i è r e v u e d e T rm r a u e .
Tourane est peu ou p o in t fréquentée p ar les navires
de n otre commerce. Il y eut un moment où quelques
expéditions y furent dirigées avec succès ; mais ce temps
d u ra peu. Alors ( c ’était dans les premières années du
règne de Louis XVIII), plusieurs bâtiments français vinren
t à Tourane chargés de fusils, de p o u d re et de quelques
autres objets pro p re s à la guerre. Ils s’en re to u rn
è ren t avec du su c re , et firent de bonnes opérations.
L ’occasion était unique. Le roi de Cocbincbine avait
besoin de munitions de guerre et la France manquait de
sucre, que les colonies et ses fabriques de sucie de b e t terave
ne lui fournissaient pas encore. Aujourd’hui la
Cocbincbine u ’a que faire de nos armes e t nous n ’avons
plus besoin de lui dem ande r du sucre. 11 n ’y a plus rien
à faire là p o u r n o tre commerce.
Et p o u rtan t ce n ’est pas sans in té rê t que le voyageur
français aborde ces plages lointaines.
B o n i t e . — Relation d u voyage. T 'om e I I I . 17