sagers. Rencoiilie-l-oii une pierre <pie les injures du
temps ou l’action des eaux o n t à la longue façonnée de
manière à lui d o n n e r une forme rajipelant imparfaitement
celle d ’un homme ou d ’un animal q u e lconque ,
voilà le Dieu du jo u r! Toute la bourgade se ré u n it; on
place l'idole sous un to it de chaume élevé à la hâte. Les
Tigianes a rriv en t les mains pleines d ’offrandes. Ils exécutent
en l’h o n n eu r de leur divinité des jeux et des danses au
son du tambour et du tam-tam. Cela dure ju sq u ’à ce que
les offrandes , qui consistent uniquement en comestibles,
aient été dévorées par la nombreuse assistance. La
divinité de l ’idole et le respect de ses adora teurs s’évanouissent
avec la d erniè re bouchée du festin. Alors on
met le feu an temple et il n ’est plus question du dieu.
Aucune cérémonie ne paraît préside r aux mariages
des Tigianes. L’union contractée cbez eux en tre un
bomme el une femme est une affaire e t pas autre chose.
Celle affaire se traite entre les parents des parties.
L ’homme doit dote r ou plutôt acheter sa prétendue. Le
prix est stipulé d ’avance ; il consiste d ’ordinaire en une
certaine quantité de pondre d ’or, de perles de verre el de
vases de porcelaine. Quand il a été livré, les parents de
la femme la remettent à son mari et se partag en t la dol.
Le lien conjugal n ’est point indissoluble; il peut être
rompu par le divorce ; mais la faculté d ’user de ce moyen
n ’appa rtient guère q u ’au mari. En effet, lorsque c ’est lui
qui demande le divorce, il en est quille [)our a b a n d o n n
e r toute préleution à la dot (pi’il a fournie. Mais si c’est
la femme qui désire une séparation, elle ne peut l’obten
ir q u ’à la condition de restituer, non-seulement la valeur,
mais les objets eux-mêmes qui forment la valeur
de la d o t payée à ses parents. Or, comme les vases de
porcelaine (en tran t p o u r la plus forte p a rt dans la dot) ont
été ordinairement cassés e t ne peuvent p a r conséquent
être restitués, la femme reste au pouvoir de son mari.
Celui-ci peut avoir au tan t de femmes que sa fortune
lui p e rm e t d ’en a c h e te r; c e p en d a n t, une seule est son
épouse en litre et demeure avec lui sous le même toit.
Les autres sont considérées comme concubines e t h ab iten
t des cases séparées.
La principale richesse des Tigianes consiste dans les
vases de porcelaine q u ’ils possèdent. Ils atta ch en t a ces
vases un prix idéal : semblables en cela aux .Taponais
d o n t on les d it descendus. En adm e ttan t cette origine ,
on do it supposer que les premiers qui vin ren t s établir
aux Philippines avaient apporté de ces vases d o n t leurs
descendants o n t conservé le g o û t; mais ils n ’im p o rtèr
e n t pas dans leur nouvelle patrie l’industrie qui sait les
pro d u ire . Ceux que les Tigianes se p ro cu ren t au jo u rd ’hui
leur viennent des relations de p etit commerce q u ’ils entretien
n en t avec les Tagals.
.le terminerai ces renseignements sur les Tigianes par
quelques détails relatifs aux coutumes et aux cérémonies
en usage chez eux à l’égard des malades et des morts.
Il n ’y a pas de médecins cbez les Tigianes, et, comme
on va le voir, ils ne s ’en trouvent pas mieux.