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L à , de nouvelles émotions attendaient les voyageurs
de la Bonite. Ils traversèrent la salle de billard qui formait
la première des trois pièces composant to u t Fap-
partement. Ses murailles n u e s , ses fenêtres délabrées ne
conservaient plus aucune trace de son ancienne destination.
Dans la seconde ch am b re , était un moulin à
avoine ; on l ’avait coupée en deux p o u r pratiquer, en
e n tre so l, un logement occupé p a r le fermier.
Le coeur des pieux visiteurs se serra à la vue de cette
p ro fan atio n ; mais ce fut bien autre chose encore, quand
on les introduisit dans la dernière pièce de l’appartement
: celle qui formait la chambre à coucher de l’emp
e re u r, et dans laquelle il rendit le dernie r soupir. Cette
pièce était devenue une écurie ! Les chevaux mangeaient
Favoine dans une auge occupant la place ou s’était trouve
le chevet de son lit.
Il n ’est pas besoin de peindre les impressions que
réveille un tel spectacle. Tous les voyageurs qui o n t eu
l’occasion de passer à Sainte-Hélène o n t visité Long-
w o o d ; tous o n t éprouvé la même sensation.
M . V a illa n t e t les officiers d e sa s u ite , ap rè s d e v ain s efforts p o u r a tte in d re la c o r v e tte ,
so n t o b lig é s d e p a sse r la n u it à te rre .
M. Vaillant et ses ofTiciers se h âtèren t de quitter ce
triste séjour p o u r re to u rn e r à James-Town. Ils comptaient
rejoindre la corvette avant la fin d u jo u r, et le command
a n t, après avoir terminé les affaires qui l’avaient attiré
à te rr e , s’embarqua en effet dans son c a n o t, tandis que
le canot major, sous la conduite dcM. Fisquet, poussait
aussi an la rg e , dans la direction où l ’on apercevait ia
Bonite. Les efforts du lie u te n an t, jiour se maintenir près
de te rre , n ’avaient pas eu to u t le succès q u ’il aurait
désiré. La Bonite se trouvait à très-grande distance ;
bientôt on la p e rd it de vue. Cependant la n u it ap p ro ch
a it; la mer très-bouleuse devenait de plus en plus
fatigante p o u r des embarcations ; le commandant vit
q u ’il serait chimérique de songer à rallier son bâtiment
avant la n u it, et plus encore de p réten d re le joindre
dans l’obscurité. Il se décida d o n c , quoique avec beaucoup
de reg re t, à re to u rn e r à terre.
En descendant le matin , il avait été reçu de la manière
la plus cordiale par M. S a lom o n , riche négociant
qui remplit à James-Town les fonctions d ’agent consulaire
de France. Il avait vu cbez lui M. G ra n t, arma teur du
navire anglais le iord Lawter qui se tro u v ait alors sur
rad e , et qui avait déjà fait à Saiute-Hélène la réputation
de ia B on ite , de manière à lui assurer le plus flatteur
accueil. P our expliquer cette circonstance, il suffit de
rem a rq u e r que le iord Lawter, venant de Chine , était en
rivière de Canton en même temps que ia Bon ite, et que
son capitaine avait été témoin de l’impression produite
alors p a r la corvette française.
Bien sùr de trouver, p o u r lui et ses officiers, un asile
chez M. Salomon, le commandant ne douta pas (ju’il ne
lui fût facile de faire admettre les bommes formaul
Bonite. — R ela tio n d u voyage. T om e III. 32