■U
»
sont pas moins la perte d ’une foule d ’enfants! Serait-il
doue vrai q u e , p o u r exceller dans certains a rts , l ’iu-
uocence est de trop? 'fau t p is, daus ce cas, car ce serait
la condamnation dq ces arts qui nous charment et
la justification de Platon qui les ban n it de sa rép u blique.
La seconde bayadère qui parut eu scène était une
jeune fille de quinze ans. Ses tr a its , ipioique un peu tirés
par le poids des ornements qui pendaient à son nez et
a ses oreilles, avaient une perfection remaixpiable. Sa
taille souple et bien prise, la grâce de ses mouvements,
mais surtout la décence de son maintien enlevèrent tous
les suffrages. Sa v u e , loin d ’offrir rien de blessant, r e posait
agréablement de la pénible impression causée p a r
celle qui l ’avait précédée.
Dans ses mains jo u a it une longue pièce de mousseline,
tandis q u e , debout sur la p o in te du p ie d , elle commença
à to u rn e r avec rap id ité , sans que son corps semblât
faire un mouvement. L’oeil ébloui p a r cette évolution
précipitée ne distinguait plus ni les traits ni les mains de
la danseuse; seulement la pièce de mousseline voltigeant
au to u r d ’elle se raccourcissait de plus en plus. Elle d isp
arut enfin tout à fait, e t, bientôt ap rè s, la bayadère
s ’arrêta .
Le fin tissu s’était converti eu un joli pigeon blanc,
pose sur son n id , les ailes étendues. Rien n ’y manquait,
ni le b ec , ni les yeux, ni aucun des détails qui pouvaient
co n trib u er à la perfection de l ’ouvrage. La jeu n e fille
vint l’offrir au commandant. D ’unanimes applaudissements
furent sa récompense; ils s’adressaient, moins
encore à son adresse su rp ren an te , q u ’à l’air de modestie
répandu dans toute sa personne.
Après elle vint une troisième bayadère d ’un caractère
to u t différent; plus agile et plus forte que les autre s, elle
n ’avait jjoint la grâce décente de celle q u ’on venait de
voir. Sa danse figura des amours tragiques; elle jouait
avec des poignards d ’une manière très-significative.
L’amour, la jalousie, la vengeance, animèrent to u r à to u r
sa pantomime. Elle eût plu d a v a n ta g e , s i , dans ces
diverses s c èn e s , le n ature l se fût montré avec plus de
ménagement.
Les danses finies, le brabme ne manqua pas de profiter
de l’occasion p o u r demander au gouverneur intérimaire
de P ondichéry, de venir au secours de la pagode qui
av a it, disait-il, besoin de grandes répa ra tions. Quelques
promesses et deux roupies furent assez p o u r le renvoyer
content.
Nos voyageurs n ’étaient pas moins satisfaits de ce q u ’ils
venaient de voir, car dans les scènes jouées devant e u x ,
ils avaient trouvé successivement la justifica tion, ou du
moins l’explication de to u t ce q u ’o n t dicté, sur le compte
des Dévédassis, l’admiration de quelques écrivains, et
le dédain de quelques autres.
J ’ai parlé de Villenour, de Valdaour, de Trivil-Carré,
et je n ’ai rien d it de Pondicbéry. Cependant le commandan
t de ln Bonite, ainsi que la jiliipart de ses officiers.