c i VOYAGE
an snrpln.s, ajoutait-il, je le donne à un curé , afin q u ’il
dise des messes i)Our le succès de mes expéditions. »
Ils sont superstitieux, croient à la vertu des amulettes ;
mais ils ne craignent p o in t la m ort. Un coupable co n damné
à la peine capitale entend p ro n o n ce r sa sentence
sans s’émoiivoir. Si on s’en étonne : « Que voulez-vous,
ré p o n d -il, nous ne pouvons rien co n tre le sort. » Lors-
(ju’un enfant m e u rt avant d ’avoir attein t l ’âge de ra iso n ,
c’est p o u r les p arents un sujet de fête. Toute la n u it se
passe à danser et à ch an te r. Ils se reg a rd en t comme
très-heureux d ’avoir un enfant dans le ciel.
Les Indiens ne so n t p oint enclins à la jalousie. La ré putation
d ’une femme souffre peu q u an d elle a commis
une faute. Cependant ils sont passionnés en amour. Un
am ant fait to u t p o u r sa maîtresse. M. de La Gironnière
en avait connu un qui, voyant sa fiancée capturée p ar les
Malais, n ’hésita pas à aller lui-même se livrer comme esclave,
afin de partager le so rt de celle q u ’il aimait. 11 eut,
plus ta rd , le b o n h eu r de se sauver avec elle et de l’épouser
ensuite.
Ils p o rten t à l ’extrême le respect p o u r les personnes
plus âgées q u ’eux. Ainsi, p a r ex em p le , un frère obéira
toujours â son frère aîné.
L’hospitalité est p o u r eux un devoir sacré. Il n ’y a peut-
être pas au monde d ’hommes moins égoïstes. Souvent
un Indien n’aura que to u t juste ce qui lui est nécessaire
p o u r son d în e r; q u ’un étranger survienne, il lui en offre
sraiement la moitié.
Les Tagals sont e.xtrêmenient propres. Us se baignent
presque tous les jo u rs. Apres le bain ils iie manquent
jamais de changer de linge. P o u rta n t, selon la coutume
des O rien tau x , ils u ’o n t p o u r p ren d re leurs aliments
d ’autre fourchette que leurs doigts.
CL'iémonies tlu m a ria g e ch e z l«?s In d ie n s ta g a ls .
Les cérémonies qui précèdent cbez eux le mariage
mé ritent d ’être rapportée s; elles rappe llent les moeurs
patriarcales.
Le jeune Indien ne se marie pas q u an d il veut; h e u reux
celui qui, après deux ou trois ans d ’assistance près
de sa f u tu r e , peut l’ob ten ir de ses parents. Deux cérémonies
p réc èd en t toute alliance matrimoniale. La p re mière
est appelée taninboujol. Voici en quoi elle consiste
:
Dès q u ’un jeune homme a jeté les yeux sur une jeune fille
d o n t il désire faire sa fem m e , il co u rt en prévenir ses
parents. Ceux-ci se ren d e n t un soir chez les parents de
la jeune fille, font ap p o rte r du vin, du coco, du tabac et
du bétel. On bo it e t l’on fume ensemble. Ensuite, quand
(par les vapeurs du vin et la fumée du tabac) les têtes
so n t un peu exaltées, les parents du p ré ten d an t présente
n t une piastre à ceux de la future; si ceux-ci l’accepte
n t, le jeune homme est admis et de ce moment il entre
au service de sa prétendue. Ce service d u re quelquefois
trois ou quatre a n s , pendant lesquels il doit observer
B o n ite . — R e la tio n d u vo y a g e . T om e HT. 5