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En effet, le jeudi 8 décembre, M. Barrot, M. Cbaigneau
et M. Hébert d iren t adieu à la Bonite. Le consul de
France aux Philippines était en grand uniforme, ainsi
(|ue son chancelier. Une salve de sept coups de canon
salua son d épa rt, tandis q u ’il se rendait chez le capitaine
général où tout était prépa ré pour sa réception.
V is ite d e M . V a illa n t au g o u v e rn e u r g é n é ra l d e s P liilip p in e s .
M. Vaillant, maintenant débarrassé des mille soins qui
l’avaient occupé la veille, comptait aussi descendre ce
jo u r-là à Manille. Il n ’avait pas voulu, p a r un sentiment
de délicatesse, préc éder chez les principales autorités du
])ays celui que ses fonctions et son titre appelaient à y
représenter la France. M. Barrot n ’avait été à b o rd q u ’un
simple passager fort considéré sans doute, mais subordonné
comme tous les autres à l’autorité d u commandant.
A Manille, lieu de sa résidence officielle, il était le
consul de France , e t, p o u r ren d re son caractère plus
respectable à tous, le commandant de la Bonite lui ren dait
hommage le premier, en s’effaçant dans les premiers
moments. Mais, un e fois M. Barrot reçu, il n ’avait plus
de raisons de différer sa visite au capitaine général des
Pbilipjiines.
Don Pedro Antonio Salazar était alors revêtu de ces
éminentes fonctions. M. Vaillant se présenta chez lui et
en fut accueilli de la manière la plus gracieuse. Il avait
à lui d em ande r une faveur q u ’on n ’accorde guère aux
étrangers : c’était de permettre à MM. Gaudicliaud et
Eydoux de circuler dans l’inté rieur de l’île, p o u r s’y
livrer à des explorations scientifiques.
I.es règlements de police ne perm e tten t pas aux é tran gers
de p én é trer dans le pays ou même de so rtir de
Manille, sans une autorisation formelle, d o n t les au torités
locales sont fort avares. Nous en verrons plus
ta rd la raison. Le capitaine général ne dissimula pas
([u’il avait à ce sujet des instruc tions fort rigoureuses.
Cependant, en faveur du motif et convaincu p a r la p a role
de M. Vaillant que les études scientifiques ne cachaient
aucun b u t politique, il accorda, de militaire à
militaire, ce q u ’il aurait, dit-il, refusé à toute a u tre sollicitation.
L ’a rch ev ê q u e d e M an ille .
En sortant de chez le capitaine général, le command
an t voulut aussi présenter ses devoirs à l ’arcbevéque de
Manille. Ce prélat, d o n t l’autorité est au moins égale à
celle du vice-roi, p a ra ît exercer dans le pays une influence
supérieure à toute au tre . M. Vaillant se rendit à
son palais, en compagnie de M. Vidi, négociant français
depuis longtemps établi à Manille où il est fort considéré.
C’était à M. Vidi q u ’on s’était adressé, dès la veille, p o u r
assurer les besoins de la corvette, et M. Vaillant lui avait
fait une première visite en d éb a rq u an t.
L’arcbevèque était dans son salon, entouré de plnsieni s