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ces animaux dont la chair est b onne à manger. Ils espéraient
en aba ttre quelques-unes q u ’ils auraient fait cuire
et qui nous aura ient procuré un assez bon repas. Je ne
pus le leui' refuser; mais je faisais to u t bas des voeux
p o u r q u ’ils ne pussent les atteindre . Heureusement les
arbres étaient tro p élevés p o u r q u ’une charge de gros
plomb allât jusque-là. Après plusieurs coups infructu
eu x , mes chasseurs ren o n c è ren t d ’eux-mêmes à leur
p ré te n tio n , et nous poursuivîmes n otre ro u te . Je me
réjouis de leur peu de succès; car le temps p e rd u à faire
cuire le fruit de leur chasse nous au ra it empêchés d ’a rriver
avant la n u it au b o u rg encore fort éloigné.
« Enfin à h u it beures du soir, nous entrions à Binangouan,
où nous trouvâmes à n o tre grande satisfaction
un b o n gîte et un bon souper.
« Le bourg de Binangouan de Lampón est situé sur
la côte est de l ’île Luçon. Il dépend de la province
de Nueva-Exija. Il est entouré de murs e t de palissades
qui lui servent de défense contre les attaques des pirates
malais. Sa population est d ’environ q u atre mille âmes.
Auprès du bourg s ’étend une plaine fertile où les h ab itants
cultivent du riz, du mil et d u tabac. Comme il est
à très-grande distance de tous les autres centres de p o pulation
Tagale, et q u ’il n ’a avec eux aucune communication
par te rre , son commerce est absolument nul.
Par la même raison, le gouvernement des Philippines
n ’a p o in t étendu jusque-là le monopole du tabac et de
l ’eau-de-vie de coco.
« Les habitants de Binangouan sont bons et, comme
tous les Tagals, très-hospitaliers. J’en fus parfaitement
accueilli.
« Cependant le b u t de mon voyage n ’était pas encore
complètement rempli. Je désirais que ma pénible excursion
ne fût pas entièrem ent sans fruit p o u r la science
et, dans cette p e n s é e , je m ’étais promis d ’en rap p o rte r
quelques ossements propres à d o n n e r u n e idée précise
de la constitution physique des Aejetas. 11 n ’était pas sans
doute très-difficile d ’en tro u v e r , grâce à l ’habitude
q u ’ont ces peuples nomades de semer leurs sépultures
dans tous les lieux de leur passage et de les y abando
n n er. Mais p o u r cela, il fallait encore aller à plusieurs
lieues du bourg : ce fut l’objet de mes recherches p en d
an t les deux jo u rs suivants.
« M’étant pou rv u de bons guides et d ’une escorte assez
nombreuse p o u r nous défendre au besoin, je partis à cinq
heures du matin, et vers midi j ’étais parvenu, avec to u t
mon monde, dans un en d ro it de la forêt ou plusieurs
Aejetas étaient ensevelis. On distinguait leurs tombes
aux petits te rtre s q u ’elles formaient et a n s armes do n t
elles étaient encore couvertes.
« Ce ne fut pas sans quelque répugnance que je me
décidai à faire fouiller ces tombeaux. Il y a dans la m o rt
quelque chose de sacré. La violation du modeste asile où
reposaient les restes d e quelques misérables sauvages avait
à mes yeux un caractère de profanation qui pensa m ’a rrêter.
T outefois, après avoir pris toutes les précautions