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davantage. Revenons à eux et suivons-les dans leur re to
u r de Canton à Macao.
Retour à Maciiü pur les canaux de l’intérieur.
Le 15 janvier, h dix heures du m a tin , M. Vaillant et
ses compagnons s’em b a rq u è ren t, comme je l ’ai d it, sur
un grand bateau chinois qui devait les conduire p ar les
canaux de l’intérieur. M. Durand s’était jo in t à eux ; il
ne contribua pas p e u , p ar sa g a ie té , à l ’agrément du
voyage.
Le b a te a u , couvert et très-bien installé inté rieurement
, présentait toutes les commodités que peuvent désirer
des passagers. 11 se faisait remarquer surtout p ar
une pro p re té exquise. Armé de ses voiles de paille,
q u ’enflait une b o n n e brise de N. E . , il gouvernait m e rveilleusement
et filait avec rapidité.
P our en tre r dans le c an a l, ou bras de rivière que les
voyageurs devaient su iv re, il avait fallu d ’abord remonter
le Tigre ju sq u ’à l ’endroit où se tro u v e, sur une île
au milieu du fleuve, le fort désarmé deTai-Oan. A p a rtir
de ce p o in t, le bateau descendant le courant commença
a naviguer au milieu du plus frais paysage qui se puisse
voir. Les rives verdoyantes du canal fuyaient tro p vite
au gré des spectateurs, variant incessamment les points
de vue q u ’ils avaient à peine le temps d ’admirer. « Nous
v oyons, rapporte l ’un d ’eux, paraître et disparaître des
nzieres , des ja rd in s d ’o ran g e rs , des habitations char-
DE L A BONITE. 2 0 7
m antes, maisons de campagne de m an d arin s, où le goût
le disiiute à la richesse. Çà et là se m o n tren t des pagodes
gracieuses et pittoresques , de petits villages placés
, comme des n id s , au milieu du feuillage d ’arbres
variés inconnus en Europe.
« Tout cela a un caractère particulier, fort ressemblant
d ’ailleurs aux peintures supposées fantastiques que
nous trouvons sur tous les produits de l ’industrie cbinoise.
Ces ma isons, ces kiosques, ces pagodes, ces
ponts, ces arbres aux branches pendantes, à l’élégant et
mince feuillage, ces monticules, ces sentiers tortueux
sont bien ce que les artistes cbinois se plaisent à rep ro duire
sur les p an n e au x , les boîtes et les tables de laque,
inimitables objets de n o tre admiration.
« Tout prouve ici l ’industrie patiente et les instincts
laborieux de ce peuple si peu connu. Pas un coin de
te rre inculte n ’accuse la négligence du la b o u re u r , ta n dis
q u ’une multitude de v o ile s , se croisant de tous les
c ô té s , témoignent de l ’activité du commerce. On aperçoit
ces voiles au-dessus des te rre s , des arbustes et des
m a iso n s, sans p o uvoir distinguer les nombreux canaux
sur lesquels ta n t de bateau.x naviguent.
« Sur le canal qui nous p o rte nous-mêmes, nous en
ren co n tro n s à chaque pas, divers de forme comme de
destination. Ici, ce sont des bateaux exclusivement
consacrés à l ’élève des canards. Attachés au riv a g e , ils
servent de demeure à des centaines de ces oiseaux : une
planche communiquant du b o rd à la te rre est le chemin
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