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Saiiit-Pie rre, était destinée à faire le tour entier de l’île.
l.es créoles de Bourbon sopt à bon dro it fiers de cette
création do n t l’initiative appartient à M. Betting de Lan-
ca ste l, un des administrateurs les plus distingués q u ’ail
eus la colonie. Ils peuvent en effet s’attribuer une p a rt du
mérite de ce grand ouvrage, à cause du zèle et de l ’em-
pressement que le conseil colonial a toujours mis à en
seconder l’exécution.
Cette r o u te , entretenue avec soin et promptement
réparée lorsque les mauvais temps de l ’iiivernage ont
causé quelques dégradations, se déroula it, unie comme
une allée de ja rd in , entre une double rangée d ’arbres
toujours verts inte rrompue seulement dans quelques endroits
p a r des haies de rosiers en fleurs. A droite et à
gauche, 1 oeil s’arrê ta it successivement sur d ’élégantes
habitations ja lo n n an t de distance en distance la fertile
campagne que M. Vaillant traversait. Près de chacune
de ces m a iso n s, on voyait s’élever les cheminées enfumées
de la suc re rie; tandis q u ’à l ’en to u r se groupaient,
comme un amas de ruche s, les cases couvertes de
chaume do n t la réunion forme ce q u ’on appelle le camp
des noirs.
La destinée du voyageur qui ne fait que passer e s t,
comme je l’ai remarqué ailleurs, de regretter, au milieu
de ses jouissances , celles q u ’un séjour prolongé dans le
même lieu lui aurait données. Que de fois le command
ant de la Bonite avait à ce sujet partagé les impressions
de ses officiers ! Cependant aucune de ses relâches p r é -
cédeutes n ’avait eu p o u r lui au tan t d ’a ttra it que celle de
Bourbon. Prendre en courant une idée superficielle de
cette colonie ne pouvait suffire à son in té rê t, surtout depuis
q u ’il avait été aiguillonné p a r to u t ce q u ’il lui fut
permis de voir.
De plus heureux que lui y o n t prolongé leur séjour
p en d an t plusieurs années et ne l ’ont quittée q u ’avec
peine. Ils avaient pu sans doute apprécier, p a r u n plus
long u sa g e , les qualités attachantes de ses habitants et
leur bienveillance envers leurs compatriotes de France.
Mais lui-mêrne en avait ressenti les effets e t subi l ’in fluence,
dans les courtes relations qui s’établirent en tre
eux e t lui. Car telle est la franche cordialité des créoles
de B o u rb o n , q u ’un moment suffit p o u r les conna ître et
leur ren d re justice.
O n se d isp o se à p a r ti r d e B o u rb o n .
Aussi ne fut-ce pas sans peine que M. Vaillant, de
re to u r à Saint-Denis, songea q u ’il était temps d aviser
aux dispositions de départ.
P en d an t son absence, les travaux ordinaires de l’expédition
avaient suivi leur cours. Le ravitaillement de la
corve tte, secondé p a r les soins de l ’administration locale,
se trouvait terminé. 11 ne restait plus rien a faire à
Saint-Denis.
Deux jo u rs suffirent p o u r mettre la Bonite en état
d ’appareiller. Le commandant employa les moments
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