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de plaire. Tous ces efl'oiTs, impuissants à cliarmer des
spectateurs trop délicats p e u t-ê tr e , furent récompensés
par le don d ’une roupie ; le braltme et la danseuse se
retirèrent et nos voyageurs songèrent à re to u rn e r à P ondicbéry
.
La c a inpttgne .
Cependant le soleil dans loule sa force p rom e tta it un
voyage fatigant. Ce fut avec peine que cbacun quitta le
frais ombrage des tamariniers p o u r en tre r dans son
palanquin. Mais il fallait bien s’y ré so u d re , si l’on v o u lait
p ren d re une idée du pays q u ’on avait p récédemment
traversé de nuit.
On p a rtit donc malgré l’extrême cbaleur. 11 fallait
être Indien p o u r avancer au pas de course en plein midi
dans l’espèce de désert qui sépare Trivil-Carré de Valdaour.
Cette p la in e , que la sécheresse force de laisser
inculte , serait p o u rtan t belle et fertile si l ’industrie des
habitants y faisait arriver l’eau qui abonde à petite distance
de là. C’est ce que témoignent les jolis bois de
manguiers et de cocotiers en to u ra n t des villages indiens,
semés de distance en distance dans cet aride paysage,
comme p o u r en corriger la triste uniformité.
Arrivés à Valdaour, les voyageurs de la Bonite y visitè
rent avec inté rêt une mosquée', mon um en t p ittoresque
* Voy,, dans \A lb um historique^ la planche n® 98.
de la piété musulmane. Le village entièrement peuplé
de mabométans e.st d ’un aspect ravissant. Les terres voisines
ne présentent plus le caractère désolé des plaines
incultes d o n t j ’ai parlé plus baul. Aussi le Français qui
le traverse au jo u rd ’hui ne peut-il se défendre de regrette
r la singulière méprise q u i, en 1 8 1 4 , fit accepter aux
commissaires de la F ra n c e , au lieu de ce ch a rm an t village,
la pauvre bicoque de Baour.
Après quelques moments de repos bien dus à leurs
p o rte u rs , les voyageurs se rem iren t en route. Ils atteig
n iren t, vers quatre h eu re s, le village du grand étang,
où la caravane fit une nouvelle halte. Ce lieu est rema rquable
p a r les travaux q u ’on y a faits p o u r la d istrib u tion
des eaux. Deux canaux d ’inégale grandeur les re çoivent
et en leur offrant un moyen d ’écoulement qui
préserve les terres voisines des in o n d a tio n s, vo n t les
conduire dans les plaines q u ’elles fécondent.
Les jeunes officiers de ia Bonite tro u v èren t à cette
localité un mérite que la grande chaleur leu r faisait p riser
bien haut. Ce fut la facilité q u ’elle leur offrit de
p ren d re u n bain délicieux. On ne pouvait se mieux p ré p
a re r au d în e r qui les attendait sous les arbres au bord
du canal. P en d an t ce tem p s, la nu it était venue ; on d îna
aux flambeaux e t, comme il ne restait plus que peu de
chemin à faire p o u r a rriver à Pondichéry, on ne se pre.ssa
pas de rep a rtir. Il faisait si frais à cette h e u re , sous les
touffes de manguiers du grand étang! Cependant, à
neu f beures du soir, chacun reprit sou palanquin et la